Dans son rapport, le Gouvernement du Zimbabwe affirme que les droits des défenseur·e·x·s des droits humains sont déjà garantis par sa Constitution et les lois en vigueur et qu’aucune législation de protection additionnelle n’est donc nécessaire. Le rapport avance que les défenseur·e·x·s, au même titre que le reste des citoyen·ne·x·s, bénéficient d’une protection juridique en vertu de dispositions générales telles que la loi sur le droit pénal (codification et réforme) et d’un accès aux tribunaux en vertu de l’article 69 de la Constitution.
Le rapport ne tient cependant aucun compte des signalements pourtant crédibles et réguliers d’actes de harcèlement, d’arrestations arbitraires et d’intimidations que subissent les défenseur·e·x·s, les journalistes et les activistes. Au contraire, il minimise ces préoccupations et soutient que les cas d’enlèvement et de disparition forcée sont mis en scène ou exagérés pour ternir l’image du gouvernement. S’agissant d’affaires très médiatisées telles que la disparition du journaliste et militant Itai Dzamara en 2015, le gouvernement a indiqué qu’une récompense pour information demeurait en place sans toutefois démontrer une quelconque volonté de faire progresser l’enquête.
Bien que le Zimbabwe ait indiqué avoir abrogé la loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée et promulgué une loi sur la liberté d’information en 2020, les répercussions de ces mesures sur la sécurité et les libertés des défenseur·e·x·s restent limitées. Le gouvernement a également fait savoir que des gilets de presse avaient été distribués aux journalistes pour faciliter leur repérage lors des manifestations. Cependant, ces mesures administratives sont loin de répondre aux risques systémiques auxquels font face les défenseur·e·x·s qui participent à des actions civiques et à des manifestations politiques.
À la suite de la présentation du rapport du Zimbabwe, Janet Ramatoulie Sallah-Njie, Vice-présidente de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, Rapporteure pour le Zimbabwe et Rapporteure spéciale sur les droits des femmes en Afrique, s’est enquise des mesures prises par le pays pour faire connaître et appliquer le protocole de Maputo au Zimbabwe. La délégation zimbabwéenne a présenté plusieurs initiatives mises en œuvre à cet effet, mettant notamment en avant des campagnes médiatiques de mobilisation et des actions de sensibilisation ciblées autour d’événements clés pour les droits de la femme, tels que la Journée internationale de la femme, la Journée internationale des femmes rurales et les 16 journées de mobilisation contre la violence sexiste.
La délégation a également souligné que la Constitution du Zimbabwe garantissait l’égalité entre les sexes et l’absence de discrimination fondée sur le sexe, et que plusieurs lois et politiques, telles que la Loi sur la prévention de la discrimination et la Loi sur le travail, interdisaient explicitement toutes les formes de discrimination fondée sur le sexe. Le gouvernement a également élaboré une Politique nationale d’égalité entre les sexes et une Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la violence sexiste (2023-2030), démontrant sa mobilisation pour faire progresser l’égalité entre les sexes et protéger les droits des femmes et des filles.
Rémy Ngoy Lumbu, Président de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, a également souligné les effets du changement climatique sur les droits humains, rappelant l’impact sévère des récentes inondations sur les communautés zimbabwéennes. Il a invité le gouvernement à prendre des mesures proactives et durables pour relever ces défis environnementaux afin de garantir la protection et le respect des droits humains de l’ensemble de la population, en particulier les personnes vivant dans des zones exposées aux catastrophes.
En conclusion, Mme Sallah-Njie a salué l’attitude ouverte du Zimbabwe à l’égard de la Commission Africaine et sa volonté d’agir pour répondre aux questions soulevées. Elle s’est félicitée de l’exhaustivité de la présentation du Zimbabwe et a réaffirmé la gratitude de la Commission pour l’esprit de coopération du pays et son engagement à défendre les valeurs de la Charte africaine. Elle a indiqué que la Commission examinerait attentivement les informations fournies et soumettrait, en temps voulu, ses observations finales au Gouvernement du Zimbabwe afin d’assurer la pleine protection et la jouissance des droits humains fondamentaux dans le pays.