Cet événement parallèle a permis de discuter de l’état actuel de la protection de l’espace civique en Afrique et des meilleures pratiques mises en œuvre au cours des dernières années en matière de protection des défenseur·es dans différentes régions du continent.
En effet, alors que l’affaiblissement des institutions et la montée de l’autoritarisme ébranlent la démocratie, la vitalité civique est un garde-fou nécessaire contre la radicalisation de certains régimes. La société civile est aujourd’hui perçue comme un danger dans un nombre croissant d’États. Alors que les trois dernières décennies avaient été marquées par une plus grande liberté et un renforcement de ses capacités, la société civile est désormais la cible d’attaques, souvent par des moyens détournés.
« Quand un gouvernement utilise la ‘sécurité nationale’ comme prétexte pour adopter une mesure qui limite la liberté d’association, il doit pouvoir démontrer que l’impact de cette mesure sur la liberté d’association est minime », a déclaré Clément Voule, Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association.
Dans un nombre croissant de pays africains, la société civile est entravée dans son action : les gouvernements l’empêchent de travailler sur les questions qu’ils ne jugent pas prioritaires et la musèlent quand elle essaie de faire valoir ses droits.
« À la lumière des événements qui se déroulent au Niger et au Zimbabwe, il est opportun que la Commission Africaine rappelle à ces gouvernements de respecter les droits de la société civile et de s’assurer que les mesures de protection mises en place sont conformes à la Charte Africaine », a ajouté Japhet Biegon, coordonnateur régional des activités de plaidoyer chez Amnesty International.
Néanmoins, des progrès ont été réalisés pour renforcer la protection des défenseur·es sur le continent. Des lois ont notamment été adoptées en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso et, plus récemment, au Niger. Leur adoption est importante, mais leur mise en œuvre l’est tout autant, voire plus.
« Ces lois représentent une avancée considérable pour la protection des défenseur·es à l’échelle nationale et la mise en œuvre de la Déclaration de l’ONU sur les défenseur·es. Toutefois, leur adoption n’est pas une fin en soi. S’assurer que le cadre juridique national permet aux défenseur·es d’effectuer leur travail en toute sécurité, notamment en permettant l’abrogation ou l’amendement des lois restrictives, est tout aussi important », a rappelé Adélaïde Etong Kame, responsable du Programme pour l’Afrique d’ISHR.
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