Screenshot of ACHPR Live Stream

Afrique
Nouvelles

CADHP81 : Les États doivent prendre des mesures proactives pour protéger les défenseur·e·x·s

Suite à son intervention d’intersession, ISHR a fait une déclaration demandant au Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’Homme de publier son rapport tant attendu sur les représailles et de rappeler aux États leurs obligations de garantir un environnement sûr aux défenseur·e·x·s.

Dans son rapport sur les activités (lien en anglais) qu’il a entreprises depuis la session précédente, Rémy Ngoy Lumbu, Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’Homme et point focal sur les représailles en Afrique, a fait état d’une dégradation inquiétante de la situation des défenseur·e·x·s des droits humains sur le continent. Son mécanisme a reçu des plaintes relatives à l’arrestation et à la détention arbitraire de défenseur·e·x·s des droits humains, ainsi qu’à des actes de harcèlement judiciaire, de représailles et d’intimidation. Il a également reçu des plaintes concernant des menaces et des attaques perpétrées contre des leaders et des membres de la communauté LGBTIQ+.

D’autres plaintes concernaient des meurtres, des enlèvements, des disparitions forcées, des actes de torture et des traitements inhumains ou dégradants à l’encontre de défenseur·e·x·s, des irrégularités et des dispositions restreignant l’espace civique dans les lois, décrets et règlements adoptés, ainsi que des restrictions à la liberté d’association, de réunion et de manifestation pacifique. M. Lumbu a rappelé l’existence des Lignes directrices de la Commission Africaine sur la liberté d’association et de réunion en Afrique et a instamment prié les États de les utiliser. Il a également appelé les institutions nationales des droits de l’Homme et les ONG à les diffuser largement et à s’assurer de leur bonne mise en œuvre. 

Un appel à l’action

Dans sa déclaration qui a suivi la présentation de M. Lumbu, ISHR a demandé au Rapporteur spécial de publier son rapport tant attendu sur les représailles, compte tenu des menaces croissantes pesant sur les défenseur·e·x·s qui collaborent avec les mécanismes régionaux africains de défense des droits humains.

Tout en proposant son aide au mécanisme pour accélérer la rédaction de ce rapport, ISHR a indiqué que sa publication serait un pas en avant dans la protection et la promotion des droits des défenseur·e·x·s. ISHR a par ailleurs appelé le Rapporteur à prendre des mesures proactives pour contrer les violations des droits humains commises à l’endroit des défenseur·e·x·s de l’environnement au Libéria, en République démocratique du Congo, en Sierra Leone et en Ouganda.

Dans ce dernier pays en particulier, ISHR s’est inquiétée de l’augmentation des attaques et des violations des droits humains, notamment les enlèvements et les disparitions forcées, la torture, les mauvais traitements et la détention au secret dont sont victimes les défenseur·e·x·s des droits de l’environnement, avec plus de 192 violations de ce type recensées depuis 2021.

Nous demandons à votre mandat et au président du Groupe de travail sur les industries extractives, l’environnement et les violations des droits de l’Homme d’organiser une visite conjointe en Ouganda afin d'aider le pays à mieux remplir ses obligations.
Antoine Trembley, membre de l’équipe Afrique d’ISHR

Espace civique

Dans sa déclaration, ISHR a également noté la réduction considérable de l’espace civique en Angola du fait de la répression et de la criminalisation des défenseur·e·x·s et des journalistes, citant pour exemple l’arrestation de Laurinda Gouveia en janvier 2024 et la condamnation de deux activistes pour association de malfaiteurs en 2022.

L’organisation a également évoqué les restrictions à la liberté d’expression et d’association imposées par la loi sur la sécurité nationale et les attaques subies par les syndicalistes. En Côte d’Ivoire, la campagne « Zéro woubi » a mené à des attaques contre des défenseur·e·x·s des droits des personnes LGBTIQ+, dont plusieurs sont désormais contraintes de vivre dans la clandestinité. ISHR a demandé à la Commission Africaine de rappeler aux États leur obligation de fournir aux défenseur·e·x·s un environnement juridique et politique propice à l’exercice de leurs activités, conformément au droit international.

Related articles