Le Forum des ONG de 2024 a été marqué par un large rassemblement de défenseur·e·x·s des droits humains et d’organisations de la société civile autour d’un objectif commun : dresser le bilan du respect des droits humains en Afrique.
Axée sur le thème de l’éducation, cette session était intitulée « Éduquer l’Afrique du 21e siècle : construire des systèmes éducatifs résilients pour un accès accru à un apprentissage de qualité, inclusif et pertinent tout au long de la vie en Afrique ».
Au cours de cette session, plusieurs tables rondes ont permis d’examiner la situation des droits humains en Afrique, en particulier s’agissant de l’éducation.
La situation des droits humains en Afrique
Le recul démocratique en Afrique suscite une inquiétude générale. Par exemple, en Gambie, il a été proposé d’abroger la loi sur les femmes de 2015 interdisant et criminalisant les mutilations génitales féminines (MGF). Cette tentative d’abrogation a suscité des inquiétudes quant à un éventuel retour en arrière législatif, notamment en ce qui concerne l’accès des femmes et des filles à l’éducation.
Au Sahel, la persistance de l’esclavage moderne est une source de préoccupation majeure, car elle continue d’aggraver les inégalités. Comme l’a fait remarquer Queen Bisseng du Forum mondial des communautés discriminées en raison de leur travail et de leur ascendance (GFOD), cette situation est exacerbée par l’existence d’un système de castes solidement implanté dans des pays tels que la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Une résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement a été constatée dans plusieurs pays africains tels que le Tchad, le Soudan et la République démocratique du Congo. Cette tendance ne compromet pas seulement l’état de droit, mais implique également la perte de libertés fondamentales telles que la liberté d’expression. En Afrique de l’Est et dans la corne de l’Afrique, on assiste à une régression de l’espace démocratique, comme en Éthiopie, où les activités de la société civile sont réprimées et où l’espace civique et, notamment, la liberté de réunion sont de plus en plus limités. Comme le souligne Nimo Ali de la Candle of Hope Foundation basée au Kenya et en Somalie, les personnes migrantes font également face à des problèmes de sécurité, notamment lorsqu’elles traversent les frontières pour fuir la violence et les conflits.
En Afrique australe, les familles des défenseur·e·x·s des droits humains sont constamment menacées. En Eswatini, la veuve de Thulani Maseko, un avocat spécialisé dans les droits humains assassiné en 2023, a subi des actes d’intimidation et de harcèlement de la part les autorités.
Groupes d’intérêts particuliers
Le 12 mai 2024, des groupes d’intérêts se sont penchés sur différentes questions thématiques et ont discuté du rôle de l’éducation dans le traitement efficace de ces questions. Parmi les sujets évoqués figuraient les droits des femmes, la violence fondée sur le genre, l’immigration, les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et réfugiées, la consolidation de la paix, la liberté de réunion et d’association, et la discrimination fondée sur l’ascendance.
Dans leurs recommandations, les groupes ont appelé la Commission à travailler main dans la main avec les établissements d’enseignement du continent afin d’intégrer les droits humains dans les programmes d’enseignement élémentaire et supérieur. Ils ont également appelé au lancement d’une initiative en faveur de la paix et à la création d’une panoplie d’instruments pour promouvoir l’enseignement des droits humains dans les universités. Concernant les droits des femmes, ils ont rappelé la nécessité de s’attaquer aux pratiques culturelles régressives qui perpétuent les normes patriarcales au travers de l’éducation populaire et de lutter contre les pratiques traditionnelles qui nuisent à la vie des femmes et entravent leur éducation.