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Forum des ONG : conséquences et défis de l’après-Covid-19 pour les droits humains en Afrique

En 2020, les gouvernements ont pris des mesures restrictives pour éradiquer la pandémie de Covid-19. Ces mesures, bien que progressivement atténuées, ont eu un impact sur les droits sociaux et économiques et sur nombre de groupes vulnérables. De plus, certains États continuent de les utiliser pour restreindre les libertés fondamentales.

Le Forum des ONG précédant la 71e session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), a tenu sa session virtuellement du 19 au 20 avril. Au cours de la deuxième journée, une table ronde a eu lieu sur le thème « Relance et reconstruction en Afrique post-Covid19 : défis et opportunités ». L’objectif était d’évaluer l’impact de la réponse au covid19, notamment sur la santé sexuelle et reproductive et les droits des personnes vivant avec un handicap, en vue de proposer des recommandations aux États pour une meilleure réponse.

Corlett Letlojane, membre du Comité directeur du Forum des ONG, a noté dans ses remarques introductives que de nombreux aspects ont été négligés dans la réponse au Covid-19, en particulier au niveau communautaire. Les gouvernements ont mis en place les mesures qu’ils ont jugées nécessaires pour contenir la pandémie, telles que les confinements et les restrictions aux voyages et au mouvement, qui ont touché les femmes et les filles qui n’étaient plus en mesure de se rendre dans les hôpitaux.

Abordant la question de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les services de santé sexuelle et reproductive, Juliet Kimotho, chargée de plaidoyer au African Population and Health Research Centre, a souligné que la santé reproductive était fortement affectée.

De nombreux obstacles persistent, tels que les services de santé fermés pendant la pandémie et le manque d’équipements, y compris ceux nécessaires à la contraception, ont obligé les femmes à se déplacer vers d’autres villes pour accéder aux services de santé reproductive. Environ 4,6 % des femmes et des femmes enceintes se sont plaintes d’avoir eu des difficultés à accéder aux services de santé.

Les personnes vivant avec un handicap ont rencontré de nombreux défis, notamment : l’incapacité à protéger leur vie, le manque de mesures de santé et de sécurité dans les industries et les institutions, une privation supplémentaire de leurs libertés, les personnes dans les institutions qui ne sont pas informées de l’état d’urgence, ainsi que la violence policière, a souligné William Aseka de la Validity Foundation, un centre de défense des droits des personnes vivant avec des handicaps mentaux.

De nombreuses recommandations ont été adressées aux États :

Concernant les services de santé sexuelle :

  • Trouver l’équilibre dans les soins de santé d’urgence ;
  • Appeler la CADHP à surveiller les stratégies d’action collective des gouvernements nationaux sur la préservation des services de santé sexuelle et reproductive, notamment en fournissant des mises à jour périodiques sur le respect par les gouvernements de la résolution sur les droits humains et des peuples en tant que pilier central d’une réponse réussie à la Covid-19 et à la relance suivant la pandémie ;
  • Investir dans la télémédecine ;
  • Renforcer les initiatives de sensibilisation à la santé communautaire ;
  • Les gouvernements devraient garantir des systèmes de gestion de la chaîne d’approvisionnement durables et résilients pour les produits de santé sexuelle et reproductive pour les établissements de santé publics et privés ;
  • Les gouvernements devraient soutenir les établissements privés car ils desservent une proportion importante de la population et sont en mesure d’atteindre les plus défavorisés.

A propos des personnes vivant avec un handicap en Afrique dans l’arpès-Covid-19 :

  • Les États parties doivent adopter un plan de désinstitutionalisation d’urgence conformément à l’article 19 du Comité des droits des personnes handicapées (CDPH) et à l’observation générale N°5 sur le droit à une vie indépendante (2017) du CDPH;
  • Garantir un accès immédiat et sans entrave aux autorités nationales indépendantes des droits humains, y compris les institutions nationales des droits humains ;
  • Allouer des ressources financières et humaines adéquates pour soutenir la transition des institutions vers la communauté, conformément à l’article 19 de la CDPH ;
  • Garantir la pleine participation et l’implication significative des personnes vivant avec un handicap et de leurs organisations représentatives
  • Sauvegarder les services communautaires, y compris l’assistance personnelle, les soutiens aux personnes et les technologies d’assistance ;
  • Enquêter et tenir pour responsables la police et les autres services de sécurité qui abusent, blessent ou tuent des personnes handicapées.
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