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Forum des ONG : Dix ans après l’adoption de la feuille de route d’Addis-Abeba, les modalités de collaboration entre la Commission Africaine, les mécanismes de l’ONU et la société civile restent à clarifier

Lors du Forum des ONG qui s’est tenu en amont de la 73e session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, différents membres d’organisations de la société civile ont dressé un premier bilan après dix années de coopération entre les mécanismes des procédures spéciales de l’ONU et de la Commission Africaine et ont examiné leur rôle dans ce processus, appelé feuille de route d’Addis-Abeba.

Organisée le 18 octobre, la table ronde était animée par Clément Voule, Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à la liberté d’association. Les participant·es étaient Maya Sahli-Fadel, Vice-présidente de la Commission Africaine, Joseph Bikanda, coordonnateur du Réseau panafricain des défenseurs des droits humains, Corlett Letlojane, directrice générale de l’Institut sud-africain des droits humains, Hannah Foster, directrice générale du Centre africain pour la démocratie et les études des droits de l’Homme, et Adélaïde Etong Kame, responsable de programme pour ISHR.

La feuille de route d’Addis-Abeba a été adoptée en 2012, fournissant un cadre directeur pour la coopération entre les mécanismes et les procédures spéciales de l’ONU et de la Commission Africaine. Elle définit également diverses possibilités de travail conjoint, telles que les visites de pays, les déclarations et les activités, encourage un partage systématique de l’information et établit un groupe de travail comprenant des représentant·es des deux systèmes pour piloter sa mise en œuvre.

Les intervenant·es ont noté que la feuille de route avait été bénéfique aux travaux des organes des droits humains de l’ONU et de la Commission Africaine, et qu’elle avait également appuyé les activités des organisations de la société civile. Toutefois, il y a également eu accord sur le fait que la portée générale du processus devait être étendue et précisée, et que la société civile avait un rôle majeur à jouer en ce sens.

Adélaïde Etong Kame d’ISHR a souligné que l’ensemble des acteurs devaient s’employer à donner davantage de visibilité à la feuille de route. Elle a mis en avant le rôle que la société civile pouvait jouer en aidant à mieux faire connaître la feuille de route, son objectif et ses effets concrets. Etong Kame a également appelé les parties prenantes des deux systèmes à mettre en place des actions conjointes de lutte contre les représailles à l’égard des défenseur·es des droits humains et à soutenir les défenseur.es ciblé.es en Afrique.

Joseph Bikanda a souligné la nécessité d’intensifier le partage d’informations entre les deux systèmes et de définir un plan d’action clair afin de consolider l’expertise accumulée lors de ces échanges. Il a appelé à ce que la feuille de route inclue explicitement les institutions nationales des droits humains (INDH) en tant que partenaires, initiative qui bénéficierait également aux défenseur·es et aux associations de la société civile.

Dans son intervention, Hannah Foster a demandé que l’avancée des travaux réalisés dans le cadre de la feuille de route soit évaluée de manière régulière et cohérente par toutes les parties intéressées. Elle a également encouragé les membres des deux systèmes à poursuivre leurs efforts pour soutenir d’une même voix les défenseur·es africain·es et les associations cherchant à interagir avec leurs mécanismes.

La Commissaire Maya Sahli-Fadel a reconnu qu’au cours des dix dernières années, la mise en œuvre de la feuille de route avait connu une trajectoire en dents de scie. Elle a appelé les deux systèmes à tirer parti du travail de la société civile en donnant à ses organisations un rôle plus officiel et concret dans les processus de la feuille de route, notamment par le biais des INDH.

Enfin, Sahli-Fadel a relevé l’inégalité des deux systèmes sur le plan des capacités, soulignant que les procédures spéciales de l’ONU comptaient plus de 50 titulaires de mandat alors que la Commission Africaine ne comptait que 11 commissaires, un nombre qui, selon elle, devrait être doublé afin que la Commission Africaine puisse s’attaquer efficacement aux problèmes émergents.

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