L’espace civique en Afrique
Le débat a fait ressortir une inquiétude majeure face à l’érosion de l’espace civique dans les sociétés africaines. Il a montré l’importance de préserver les droits d’association et de réunion et la liberté d’expression, et a souligné le rôle essentiel des défenseur·e·x·s des droits humains (DDH) à cet égard.
Les intervenant·e·x·s ont mis en évidence les défis croissants auxquels sont confrontées les institutions nationales des droits de l’Homme (INDH) pour défendre les défenseur·e·x·s des droits humains et lutter contre les restrictions de l’espace civique. Iels ont appelé à la dénonciation des actions qui conduisent à la fermeture des organisations et entravent l’engagement civique.
« En Afrique, la soif de pouvoir autoritaire est un défi majeur qui restreint les organisations de la société civile dans leurs activités et entraîne différents problèmes tels que l’entrave aux processus électoraux et la nomination de juges suivant des critères politiques. Les organisations de la société civile doivent résister et plaider pour des politiques de responsabilisation des gouvernements », a déclaré Deborah Nyokabi, chargée de programme pour le Réseau des institutions nationales africaines des droits de l’Homme (RINADH).
Les intervenant·e·x·s ont également abordé la question de l’ingérence des États dans les affaires des organisations de la société civile, évoquant des cas d’infiltration, de contrôle financier abusif et de lois restrictives imposées. Les limitations de la liberté d’association, de manifestation pacifique et d’expression ont de toute évidence des répercussions significatives sur de nombreuses nations africaines.
Les intervenant·e·x·s ont proposé des stratégies pour contrer ces limitations, en insistant sur l’importance de tirer parti des mécanismes africains existants et de plaider pour des changements de politique. Les débats ont également souligné la nécessité de construire des mouvements sociaux plus durables et de favoriser la synergie entre les mécanismes des Nations Unies et les systèmes africains.
Ont également été mis en évidence l’importance de la reconnaissance et de la protection des défenseur·e·x·s des droits humains et le rôle crucial joué par les INDH dans la protection de la société civile. Les initiatives visant à préserver et à élargir l’espace civique comprennent l’utilisation des ressources juridiques nationales et la mise en place de mécanismes de surveillance pour sensibiliser aux limitations de l’espace civique.
Questions environnementales et violations des droits humains en Afrique
Les intervenant·e·x·s ont élargi le débat afin d’évoquer les défis urgents liés aux questions environnementales et aux violations des droits humains en Afrique. Iels ont attiré l’attention sur l’accaparement des terres et des ressources naturelles par les multinationales sans compensation adéquate. Des exemples tels que l’affaire des déchets toxiques en Côte d’Ivoire, les conflits dans le secteur minier au Soudan et en République démocratique du Congo, et les politiques de conservation qui portent préjudice aux communautés locales ont été mis en avant. La table ronde a également été l’occasion d’aborder des sujets tels que l’exploitation minière illégale, la question du genre dans le secteur minier et les préoccupations environnementales dans divers pays africains, notamment le Ghana, le Nigéria, la Tanzanie et le Rwanda.
En conclusion, une série de recommandations ont été formulées afin de remédier aux problèmes évoqués, notamment l’accès à la justice, la responsabilité des multinationales, les mécanismes de responsabilisation et de contrôle, et l’intersectionnalité entre le genre et le changement climatique. Les débats ont mis en lumière le besoin pressant de mettre en œuvre des initiatives concertées pour sauvegarder et élargir l’espace civique, promouvoir les droits humains et répondre aux préoccupations environnementales en Afrique. Les recommandations exprimées indiquent la voie à suivre et la participation active du public démontre l’importance de ces questions à l’échelle du continent. Face à ces défis complexes, les gouvernements, la société civile et les parties prenantes internationales doivent impérativement collaborer pour protéger l’espace civique et les droits humains et s’attaquer aux problèmes environnementaux en Afrique.