Lors de la table ronde animée par Lydia Kembabazi, chargée de plaidoyer à l’IHRDA (Institute for Human Rights and Development in Africa), Deborah Nyokabi, représentante du Réseau des institutions nationales africaines des droits de l’Homme (RINADH), a souligné la nécessité de simplifier les documents relatifs à la ZLECAf et de les traduire dans les langues locales. Cette initiative permettrait d’améliorer la compréhension et l’accessibilité et rendrait l’accord plus inclusif pour les diverses communautés. En outre, Mme Nyokabi a demandé que les droits humains soient explicitement intégrés dans les objectifs de la réforme commerciale menée dans le cadre de la ZLECAf. Cela constituerait une étape vitale pour s’assurer que l’accord profite à tout le monde.
Un autre intervenant, Don Deya, directeur général de la PALU (Pan African Lawyers Union), a souligné la nécessité pour les ONG de prendre une part active aux discussions actuelles, en particulier celles liées aux droits des femmes dans le commerce. M. Deya a expliqué qu’il était essentiel de protéger l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les espaces civiques législatifs. Il a également souligné l’importance d’assurer un suivi et une mise en œuvre actifs pour que la ZLECAf profite à tous les segments de la société.
« Nous devons déterminer les personnes déjà impliquées et les parties prenantes potentielles, et évaluer les ressources nécessaires à une participation efficace », a-t-il déclaré. Il a également insisté sur l’importance de chercher de nouvelles sources de financement, notant que « les valeurs des donateurs traditionnels peuvent trancher avec celles des partisan·e·x·s des droits humains et des organisations œuvrant pour le développement ». M. Deya a par ailleurs souligné l’importance d’impliquer les syndicats et de veiller à ce qu’aucune question relative aux droits humains ne soit éludée lors des négociations menées dans le cadre de la ZLECAf, étant donné que l’accord n’est pas entièrement financé par les États membres.
Mme Kembabazi a rappelé le rôle crucial de la société civile à chaque étape du processus de mise en place de la ZLECAf – de l’élaboration et des négociations à la mise en œuvre et au suivi. Elle a présenté la boîte à outils que l’IHRDA a créée à l’intention des défenseur·e·x·s des droits humains afin de leur fournir les ressources et les connaissances nécessaires pour défendre les droits humains dans le cadre de la ZLECAf.
Mme Nyokabi a, de son côté, exhorté les États membres à adopter le protocole d’exemption de visa d’entrée, mesure essentielle pour faciliter les déplacements et la collaboration entre les organisations de la société civile à travers le continent.
Les intervenant·e·x·s ont souligné l’importance de la contribution de la société civile à la création de la ZLECAf afin que l’accord ne se contente pas de stimuler la croissance économique, mais qu’il respecte également les droits humains et serve le développement général des sociétés africaines. Il est urgent de simplifier les documents relatifs à la ZLECAf et de les rendre accessibles à l’échelon local, de s’engager plus activement sur le terrain législatif et de mener une enquête exhaustive auprès des parties prenantes afin de repérer et de soutenir celles qui ne participent pas encore au processus. Grâce à la boîte à outils mise à la disposition des défenseur·e·x·s des droits humains et à la possible adoption du protocole d’exemption de visa d’entrée, la société civile est appelée à jouer un rôle croissant dans le commerce en Afrique. Ces débats menés dans le cadre de la 77e session ordinaire de la Commission africaine nous rappellent que la création de la ZLECAf est une responsabilité partagée par toutes les parties prenantes, et que les droits humains et l’inclusion doivent demeurer au cœur du projet.