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(Banjul, Gambie) – Lors de la 58e session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, les participants ont été attristés et consternés par la détérioration de la situation des droits de l’homme au Burundi.
En particulier, l’assassinat du fils de Pierre Claver Mbonimpa, militant des droits de l’homme de premier plan, par un officier de police non identifié a profondément choqué les défenseurs des droits de l’homme du Burundi qui assistaient à la session de la Commission africaine. En août 2015, Pierre Claver Mbonimpa avait été blessé par balle par des inconnus armés. Et en octobre de la même année, son gendre, Pascal Nshirimana, avait été tué à Bujumbura, là encore par des inconnus armés.
Mme Gansou, Rapporteuse spéciale sur les défenseurs des droits de l’homme, a immédiatement réagi à cette nouvelle dans un communiqué de presse, demandant à ce que les auteurs de ce meurtre haineux soient identifiés et punis conformément aux textes nationaux et internationaux.
Elle a ajouté que l’incitation à la haine, ainsi que la rhétorique divisionniste employée par le pouvoir étaient extrêmement dangereuses et contraires à la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples. Elle a également indiqué que la communauté internationale, et tout particulièrement les dirigeants africains, avaient la responsabilité de protéger les populations civiles dans les situations où l’État était manifestement incapable de le faire, ou indisposé à le faire, comme c’est actuellement le cas au Burundi.
« Cet assassinat renforce les craintes d’une politique systématique ciblant des membres de l’opposition, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des citoyens ordinaires perçus comme opposés au gouvernement. À ce jour, ces crimes restent impunis », a déploré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, dans une déclaration publiée par ses services le jour de l’assassinat.
ISHR, aux côtés d’au moins dix ONG de premier plan, a envoyé une lettre ouverte au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, appelant ce dernier à tenir une session extraordinaire d’urgence afin de se pencher sur la détérioration rapide de la situation des droits de l’homme au Burundi et de prévenir de nouvelles atrocités.
Parallèlement, le Conseil de sécurité des Nations Unies a fermement condamné l’augmentation des cas de violations des droits de l’homme et l’ensemble des déclarations publiques, prononcées au Burundi et ailleurs, qui semblent vouloir inciter à la violence dans la résolution 2248, adoptée le 12 novembre 2015. La résolution exprime l’intention du Conseil de sécurité d’envisager des mesures supplémentaires à l’encontre des acteurs burundais qui, par leurs actes ou leurs propos, concourent à perpétuer la violence et entravent la recherche d’une solution pacifique.
Le meurtre du fils de Pierre Claver est survenu alors que la Commission africaine s’apprêtait à mener une mission d’enquête au Burundi, à la demande du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA). Répondant à l’appel du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, la Commission africaine a adopté, le 17 novembre 2015, la résolution 310 sur l’urgence d’effectuer une mission d’établissement des faits au Burundi. Cette résolution exprime la disposition de la Commission africaine à effectuer sans délai une mission d’établissement des faits sur la situation des droits de l’homme dans le pays. Elle appelle le gouvernement burundais à coopérer avec la Commission et à autoriser d’urgence la mission d’établissement des faits.
ISHR et ses partenaires continuent de surveiller la situation des défenseurs des droits de l’homme au Burundi.
Contact : Clément Voulé, responsable des activités de mobilisation pour l’Afrique, ISHR, [email protected]