Dans le cadre de cet examen, ISHR a soumis un rapport parallèle sur la situation des défenseur·e·x·s des droits humains dans le pays, en partenariat avec quatre ONG angolaises de défense des droits humains : Kutakesa, Mosaiko, Mwana Pwo et le SJA (Syndicat des journalistes angolais).
Ce rapport met en lumière différentes questions relatives à la discrimination, au droit à la vie, à la torture, à l’accès à la justice, à la liberté d’expression, à l’accès à l’information, à la liberté d’association et de réunion, et au droit de participation. Son objectif est de présenter une vision plus équilibrée de la situation des droits humains en Angola, en mettant en avant des éléments omis ou dépeints de manière incorrecte par l’État.
Avec ses partenaires angolais, ISHR a mis l’accent sur les points suivants :
- Les restrictions à la liberté de la presse, à la pluralité et à l’indépendance des médias et au travail des journalistes.
- La limitation de l’espace civique et l’ingérence du gouvernement dans les activités de la société civile, en particulier le projet de loi de mai 2023 sur les ONG, actuellement en discussion, qui viole la liberté d’association et de réunion de la société civile et des défenseur·e·x·s des droits humains, et ; l’inefficacité et la politisation des comités provinciaux locaux de défense des droits humains en Angola.
- L’inaction de la Médiatrice angolaise face aux violations des droits humains ; les obstacles procéduraux à l’accès à la justice et ; les violences sexuelles.
- Les représailles menées par les pouvoirs publics contre les défenseur·e·x·s des droits humains, notamment le militant Inocencio Alberto Matos, tué par la police, et le syndicaliste Eduardo Peres Alberto, qui a fait l’objet d’intimidations et dont la fille a été physiquement agressée.
- La torture et la détention arbitraire, notamment dans le cadre du massacre de Cafunfo.
Dans son rapport, le Gouvernement angolais a omis d’évoquer les nombreuses restrictions, les représailles et les attaques dont sont victimes les défenseur·e·x·s des droits humains. Il ne mentionne ni les interférences politiques dans le travail des mécanismes nationaux et provinciaux de protection des droits humains ni l’inaction de la Médiatrice face aux violations des droits humains, et n’aborde pas la situation des défenseur·e·x·s des droits humains en général.
En outre, le gouvernement a justifié son ingérence dans le travail des organisations de la société civile en arguant qu’il devait lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, adoptant sous ce prétexte des mesures qui restreignent indûment et excessivement la liberté d’association des organisations.
Les membres de la Commission ont interrogé l’Angola sur les points suivants :
- Les mécanismes nationaux d’établissement de rapports sur la Charte Africaine et d’autres instruments
- Le plan d’action national en matière de droits humains
- Le mécanisme national de prévention de la torture
- La législation relative aux disparitions forcées
- Les détentions arbitraires
- L’efficacité des différents mécanismes mis en place par le pays afin de garantir que les obligations internationales en matière de droits humains sont pleinement respectées
La Rapporteure spéciale sur la liberté d’expression et l’accès à l’information a interrogé la délégation quant aux restrictions imposées à la liberté d’expression, notamment les lois interdisant les insultes contre le Président, la condamnation d’un journaliste pour diffamation, le contrôle politique des médias et l’ingérence dans leurs activités.
Le Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’Homme a questionné la délégation au sujet du processus d’élaboration du projet de loi sur les ONG, des mesures prises par les autorités pour protéger la liberté d’association et de réunion, et du décès du défenseur des droits humains Carlos Fernandes.
Dans ses réponses, l’Angola a nié avoir commis la moindre exécution arbitraire, sommaire ou extrajudiciaire, et s’est défendu d’avoir eu recours à la violence policière ou à la torture, d’avoir organisé des disparitions forcées et d’avoir persécuté des défenseur·e·x·s des droits humains, malgré l’existence d’éléments prouvant le contraire, notamment présentés dans le rapport élaboré par ISHR et ses partenaires.