Le 30 avril 2022, la Commissaire Maria Teresa Manuela, Rapporteure spéciale sur les prisons, les conditions de détention et le maintien de l’ordre en Afrique, a présenté son rapport d’activité intersession. Dans ce rapport, elle appelle les États à allouer des fonds aux prisons et autres lieux de détention, à rénover les établissements existants et à en construire de nouveaux, conformes à l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela) afin d’améliorer les normes et les conditions de détention, en prenant en compte la période post-pandémie. Elle les invite également à adhérer et se conformer aux lignes directrices en matière de préparation, de prévention et de lutte contre la COVID-19 dans les prisons et autres lieux de détention énoncées par l’Organisation mondiale de la Santé.
Au nom d’ISHR et du CFJ, Stéphanie Wamba, chargée de plaidoyer pour le Programme pour l’Afrique d’ISHR, a fait une déclaration conjointe sur les conditions inhumaines de détention en Afrique, évoquant notamment la privation du droit de visite, de consultation juridique et de soins médicaux qui a contribué au décès de 958 détenu·es, dont 9 mineur·es en Égypte, comme l’a attesté le CFJ.
D’autre part, la déclaration a mis en avant des préoccupations majeures concernant le décès d’Ayman Hadhoud, survenu pendant sa détention par les forces de sécurité égyptiennes à la suite de sa disparition forcée. L’avocat de la famille a indiqué que le ministère public s’apprêtait à clore l’affaire sans investigations complémentaires après avoir refusé de leur donner accès au dossier et au rapport du médecin légiste.
Malgré le risque élevé de flambées épidémiques de COVID-19 dans les centres de détention égyptiens surpeuplés, les autorités ont continué à procéder à l’arrestation arbitraire et à la détention de milliers de personnes. Les détenu·es pâtissent également de politiques mises en place par l’administration pénitentiaire au nom de la lutte contre la COVID-19 qui limitent le droit de visite et entraînent une violation du droit au recours judiciaire.
Les autorités pénitentiaires utilisent l’isolement pour punir les détenu·es incarcéré·es pour raisons politiques. Parmi les accusé·es, certain·es sont placé·es à l’isolement dès leur incarcération, comme Mohammed al-Qassas, Amr Imam et Ahmed Douma, qui ont passé 5 ans à l’isolement.
Les femmes détenues ne sont pas épargnées. Dans la prison pour femmes d’Al-Qanater, elles subissent des actes de torture et des violences sexistes en toute impunité, y compris des fouilles vaginales humiliantes et du harcèlement sexuel, ainsi que des examens génitaux forcés pour les femmes transgenres. Les autorités ne fournissent pas de produits ou de protections hygiéniques gratuits, et ces dernières étant vendues en prison deux fois plus cher que dans le commerce, les femmes qui n’ont pas les moyens d’en acheter ne peuvent s’en procurer. Les femmes sont placées dans des cellules surpeuplées, reçoivent de l’eau et de la nourriture de mauvaise qualité, et sont privées de soins médicaux.
« Nous appelons la Rapporteure spéciale à condamner publiquement les violations que subissent les détenu·es en Égypte et à demander l’autorisation d’effectuer une visite dans le pays, y compris dans les centres de détention, tout en veillant à protéger de toutes représailles les personnes qui coopèrent avec elle », a conclu Stéphanie Wamba.
Regardez la session ici.
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