Gilbert Sendugwa – Défenseur des droits de l’Homme d’Ouganda
Gilbert Sendugwa est Coordinateur de l’Africa Freedom of Information Centre (AFIC), un réseau panafricain dont le secrétariat est basé à Kampala.
Gilbert Sendugwa est Coordinateur de l’Africa Freedom of Information Centre (AFIC), un réseau panafricain dont le secrétariat est basé à Kampala.
« Avant de commencer à travailler avec le Centre, je travaillais sur des questions de santé et d’éducation. La grande question était toujours : l’information. J’ai toujours demandé : comment obtient-on l’information dont on a besoin ? Comment les gens obtiennent-ils l’information dont ils ont besoin de la part du gouvernement pour continuer à vivre ? »
En 2010, Gilbert est allé travailler pour l’AFIC, un réseau qui s’est agrandi jusqu’à compter 35 organisations membres venant de 22 pays africains, qui travaillent sur des questions d’accès à l’information au niveau national.
« Jusqu’ici, l’objectif principal du Centre a été d’inciter à la ratification des nombreux instruments africains qui consacrent le droit à la liberté d’information, et qui assurent également que ces droits soient reflétés dans la législation et la pratique nationale. »
Ils accomplissent cela au travers de campagnes de plaidoyer internationales et en soutenant des stratégies nationales, et ceci avec un bon degré de réussite. En 2010, l’Angola, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud, l’Ouganda et le Zimbabwe étaient les seuls Etats avec une législation sur la liberté d’information. Maintenant, on en comptabilise 16, et la Tanzanie étant susceptible de devenir le 17ème le mois prochain.
« La clé des adoptions a été de coopérer avec un éventail de parties : des acteurs de la société civile, des mécanismes internationaux et des représentants de différents organes de l’Etat. Le leadership du Rapporteur Spécial sur la Liberté d’Expression et l’Accès à l’Information de la Commission Africaine a été crucial. »
Cependant, comme l’a dit Gilbert, « nous venons de voir que l’adoption de lois pourrait être la partie la plus facile. » Par conséquent, l’AFIC déploie de plus en plus d’énergie dans des initiatives visant à faciliter la mise en œuvre de ces lois.
« L’objectif de ces lois est de responsabiliser la population. Implicitement, cela signifie qu’il faut retirer du pouvoir à ceux qui l’ont et le donner à la population, pour qu’ils puissent s’aider eux-mêmes à faire progresser tous leurs droits. Cependant, cela provoque parfois de la peur au sein des dirigeants et une réticence à fournir l’information. »
Gilbert suggère que cette peur peut se manifester de deux façons : certains gouvernements ne légifèreront pas sur la question, tandis que d’autres le feront, mais s’assureront que l’environnement de la société civile ne conduit pas les gens à être assez confiant pour faire usage de la loi. Il déclare que dans beaucoup d’Etats, la peur des représailles dissuade les demandes d’information. Il semblerait qu’une loi réussie sur l’accès à l’information doit aller de pair avec un environnement sûr et favorable pour la défense des droits de l’homme en général.
Néanmoins, il souligne qu’une erreur commune des défenseurs sur la question est de voir l’Etat comme un monolithe. Plutôt, il soutient, quand il s’agit de la mise en œuvre, qu’il est nécessaire de regarder les différentes agences à partir desquelles vous sollicitez les informations.
« Ce sont elles qui peuvent ou non accorder l’information. Si vous regardez l’Ouganda – comme souligné dans leur examen par la CADHP cette semaine – certains ministères ont répondu à toutes les demandes d’information, tandis que le taux de réponse des ministères de la finance et de l’éducation, par exemple, est nul. »
L’AFIC fait pression pour une mise en œuvre passant par la formation de la société civile à l’accès à l’information et par la rédaction d’un manuel pour celle-ci. Ils intensifient également leur travail avec les Etats, ayant obtenu des résultats quand ces deux approches fonctionnent en parallèle. Développer un site internet avec le gouvernement ougandais a amené le Rwanda à poursuivre, tandis qu’ils ont également formé des fonctionnaires et ont produit un manuel différent pour eux.
ISHR a rencontré Gilbert lors de la 56ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, où il a fait du lobbying pour le renforcement des dispositions de l’UA sur ce droit et où il a aussi fait pression pour que les Commissaires formulent des recommandations détaillées aux Etats examinés à cet égard.
« Cela a été une session réussie. Nous sommes très ravis de la qualité des engagements des deux côtés, avec des interventions détaillées sur la question. Nous avons hâte que la Commission formule de fortes recommandations finales. »
ISHR étant prêt à faire une déclaration sur l’importance d’un environnement favorable pour les défenseurs des droits de l’homme travaillant sur la responsabilité des entreprises, Gilbert a admis que ceci était un des domaines les plus difficiles pour les défenseurs de la liberté d’information à travers le continent.
« Il est très difficile et risqué de demander des informations, que cela concerne les concessions, les paiements ou l’impact environnemental. Mais en fin de compte, nous parlons simplement de la capacité pour les communautés d’évaluer l’impact d’un projet sur leurs vies et de contrôler le niveau de conformité d’une entreprise ou d’un Etat avec les droits de l’homme. »
Continuant d’avancer, l’AFIC est impliquée dans l’International Alliance on Natural Resources in Africa qui est en train de concevoir une loi type sur l’exploitation minière en Afrique. Le Groupe de travail de la Commission Africaine sur les Industries Extractives s’est engagé concernant cette idée.
« Sans information, la population ne peut pas prendre de décisions en connaissance de cause. Je pense que nous méritons tous de pouvoir faire ça. »
Gilbert Sendugwa peut être contacté à [email protected]. Suivez le sur Twitter : @GilbertSendugwa