Nouveau « catalogue d’outils » pour une collaboration fructueuse entre défenseurs des droits de l’homme et entreprises

De quelle manière les défenseurs des droits de l’homme peuvent-ils inciter les entreprises à s’engager en faveur du respect des droits de l’homme par les acteurs commerciaux ? Telle est la question à laquelle une nouvelle publication lancée cette semaine tente de répondre.

Le Catalogue d’outils pour défenseurs des droits de l’homme pour la promotion du respect des droits de l’homme par les entreprises (également disponible en anglais et espagnol) est publiée par ISHR avec le concours gracieux d’Allens Linklaters et DLA Piper,  cabinets d’avocats de renommée internationale.

Cette publication fournit :

aux défenseurs

  • un aperçu des cadres législatifs, des politiques, des nouvelles normes issues des gouvernements ou des entreprises, en matière de  protection des droits de l’homme dans le contexte des activités commerciales;
  • une palette d’outils utiles à toute stratégie visant à susciter l’engagement des parties prenantes concernées à chaque stade du développement d’un projet dans, dans différents secteurs d’activités ;

aux entreprises

  • des idées d’actions qu’elles devraient effectuer pour mieux respecter et collaborer avec les défenseurs, ainsi que les bénéfices à tirer de telles actions ;

aux entreprises et défenseurs

  • des exemples pratiques pour mieux travailler ensemble au respect des droits de l’homme par les entreprises.

Une déferlante d’attaques

Michael Ineichen (ISHR) souligne que ce catalogue a été élaboré au beau milieu d’une déferlante d’attaques visant les défenseurs qui plaident en faveur d’une responsabilisation des entreprises, que ce soit en relation avec les droits au travail, à la terre, les droits des populations autochtones ou autre sujet.

« Les risques encourus par les défenseurs qui travaillent sur les questions de respect des droits de l’homme par les entreprises et de responsabilité des entreprises en cas de violations, sont énormes et vont d’atteintes à leur réputation jusqu’à des attaques contre leurs propres vies », déclare-t-il.

« Mais, il existe également des risques pour les entreprises liées à des violations de droits de l’homme, tout comme il existe de nombreux avantages pour une entreprise lorsqu’elle adopte une démarche positive en matière de protection des droits ».

« Notre objectif est que ce catalogue fournisse aux défenseurs des outils pouvant les aider à décider de proposer ou non un échange positif à des entreprises, et le cas échéant, décider du moment et de la manière dont cet échange se fera. Nous souhaitons également qu’il contribue à susciter plus de respect pour le rôle des défenseurs dans la prévention et la réduction des violations des droits de l’homme liées à des opérations commerciales, ainsi que pour le rôle qu’ils jouent lorsqu’il est question de tenter de faire rendre des comptes aux responsables de ces violations ».

Le rôle des entreprises dans la protection des droits de l’homme

Malheureusement, « un nombre encore trop élevé d’entreprises demeurent silencieuses lorsque les droits de l’homme sont en jeu dans des Etats répressifs – ou même se comportent en adversaires résolus de ces droits de l’homme », déplore Mauricio Lazala du Centre de Ressources sur les Entreprises et les Droits de l'Homme.  D’un autre côté, «  de nombreuses entreprises démontrent actuellement que prendre position contre les violations de droits de l’homme c’est faire le bon choix, tant d’un point de vue moral que du point de vue de leurs propres intérêts ».

« La voix des entreprises peut avoir un poids énorme en matière de protection des personnes vulnérables dans des pays répressifs, notamment quand des abus sont commis en relation avec leur secteur d’activités ou dans des domaines dont elles sont les principaux investisseurs ».

Collaboration entre entreprises et défenseurs des droits de l’homme  

Owen Larter de Microsoft et Nicolas Patrick de DLA Piper ont souligné que les organisations non-gouvernementales qui travaillent dans des environnements à haut risque pourraient tirer parti de réseaux de soutien au sein du secteur commercial,  notamment de grandes corporations multinationales ayant pris un engagement public en faveur des droits de l’homme.

« Les réseaux invisibles constitués d’amis ayant de l’influence, ainsi que les soutiens issus de la communauté entrepreneuriale se révèlent très précieux quand les choses tournent mal. Nous encourageons les défenseurs des droits de l’homme à établir des partenariats et à collaborer de manière constructive avec le secteur commercial, ainsi qu’à encourager partenariats et collaborations ».

« C’est précisément le propos de ce catalogue », renchérit Philip Lynch, directeur d’ISHR. « Destiné aux défenseurs, il a été rédigé du point de vue et grâce à l’éclairage des entreprises, et regorge d’exemples de bonnes pratiques tirés d’entreprises du monde entier. Nous espérons qu’il aidera à améliorer la compréhension, la confiance et les relations entre les entreprises et les défenseurs des droits de l’homme ».

« Tant les corporations que les défenseurs des droits de l’homme ont un intérêt commun à évoluer dans un environnement fonctionnel  qui respecte les droits à la liberté d’expression, d’association et d’assemblée, et qui se distingue par un gouvernement transparent, capable de rendre des comptes, par l’absence de corruption et par le respect pour l’état de droit ».

« Notre but est d’encourager et développer les capacités des défenseurs des droits de l’homme afin qu’ils puissent proposer une collaboration positive et constructive aux entreprises, en reconnaissant la contribution essentielle qu’une entreprise responsable peut apporter   à la promotion et la protection des droits de l’homme et au développement durable ».