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CADHP83 : Les droits humains, un impératif pour un développement durable axé sur les populations en Afrique

Le second Forum conjoint des mécanismes spéciaux s’est tenu les 5 et 6 mai 2025, lors de la 83e session ordinaire de la Commission Africaine. On y a examiné les moyens de faire converger droits humains et développement durable au bénéfice du peuple africain.

Le second Forum conjoint qui s’est tenu durant la session ordinaire publique de la Commission Africaine était placé sous le thème suivant : « Les droits de l’Homme, un impératif pour un développement durable axé sur les populations en Afrique ».

Des membres de la Commission Africaine, des rapporteur·e·x·s spéciaux/ale·x·s, des représentant·e·x·s d’État, des membres d’institutions nationales des droits de l’Homme (INDH) et d’organisations de la société civile (OSC), des spécialistes des droits humains et du développement, des universitaires, des juristes, ainsi que des représentant·e·x·s d’organismes internationaux et régionaux des droits humains, entre autres, ont discuté de sujets tels que l’investissement économique, la santé, la justice, la protection des groupes vulnérables et l’espace civique, et de leur interdépendance avec les droits humains pour ce qui est de la réalisation du développement durable. Au cours de dix tables rondes organisées dans le cadre du Forum, les intervenant·e·x·s ont appelé à l’intégration des droits humains dans les processus de développement.

Lors de l’une de ces tables rondes intitulée « Liberté d’association, de réunion, d’expression et d’accès à l’information en tant que vecteurs de développement humain et durable », Geereesha Topsy Sonoo, Rapporteure spéciale de la Commission Africaine sur la liberté d’expression et l’accès à l’information, a cité James Wolfensohn :

Si vous ne donnez pas le droit de vote aux pauvres, s’ils n’ont pas le droit de s’exprimer, si la corruption et les pratiques inéquitables ne sont pas dénoncées, vous ne pouvez pas créer le consensus public nécessaire au changement.
James Wolfensohn, « Voices for the poor », The Washington Post, 10 novembre 1999.

Geereesha Topsy Sonoo a également déclaré :

La liberté d’expression est un levier essentiel du développement durable. En plus d’autonomiser les individus, les communautés et les sociétés civiles, elle facilite l’exercice d’un large éventail d’autres droits, notamment ceux qui sous-tendent le développement durable, tels que le droit à la santé, à l’éducation, à l’eau et à un environnement propre. Elle permet aux gouvernements d’être mieux informés des besoins de la population et de mieux y répondre (…). L’accès à l’information est également un indicateur et un vecteur de développement. Il favorise l’exercice d’un grand nombre de droits humains (…).
Geereesha Topsy Sonoo, Rapporteure spéciale de la Commission Africaine sur la liberté d’expression et l’accès à l’information

Soulignant l’interdépendance entre développement et droits humains, tel que l’indique le préambule de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, elle a appelé à ce que les grands processus de développement durable tiennent compte de ces droits fondamentaux.

Mettant en relief le thème choisi pour 2025 par l’Union Africaine, à savoir la promotion de la justice pour les personnes africaines et d’ascendance africaine par le biais des réparations, Clément Voulé, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit de réunion et d’association pacifiques, a déclaré que ce droit comptait parmi les droits fondamentaux qui avaient permis à la population africaine d’amorcer les mouvements de libération du colonialisme et de l’apartheid.

Les libertés d’association, de réunion, d’expression et d’accès à l’information forment la base de toute société démocratique, inclusive et pacifique. (…) Elles permettent aux organisations de la société civile et aux personnes publiques d’être les acteurs de leur propre développement.
Clément Voulé, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit de réunion et d’association pacifiques

Andrew Songa, un participant, a également exprimé le point de vue largement partagé selon lequel les droits au développement et à la participation sont interdépendants et indivisibles. Il a affirmé que les droits humains ne pouvaient en aucun cas être dissociés du développement durable.

Pour conclure ces deux jours, Rémy Ngoy Lumbu, Rapporteur spécial de la Commission Africaine sur les défenseurs des droits de l’Homme et point focal sur les représailles, a souligné que les défenseur·e·x·s étaient des parties prenantes essentielles du développement et que leur participation et la mise en œuvre de démarches fondées sur les droits humains étaient indispensables à la réalisation du développement durable. Il a appelé tous les États à respecter ces conditions fondamentales.

Un pays où la liberté d’expression, d’association et de réunion est restreinte n’est pas viable sur le plan démocratique.
Rémy Ngoy Lumbu, Rapporteur spécial de la Commission Africaine sur les défenseurs des droits de l’Homme et point focal sur les représailles

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