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CADHP83 : Protéger les défenseur·e·x·s des droits humains contre les actes de violence

En Afrique, les luttes des défenseur·e·x·s pour les droits humains les exposent à de graves menaces. Pour souligner leur rôle essentiel dans la réalisation des droits humains sur le continent africain, la Commission Africaine a consacré la première table ronde de sa 83e session à l’examen des moyens de lutter contre la violence contre les défenseur·e·x·s.

Les attaques contre les activistes se multiplient. Les États n’hésitent pas à recourir à la surveillance numérique, à la désinformation et aux cyberattaques (…). Certains coopèrent même entre eux pour traquer les défenseurs en exil.
Rémy Ngoy Lumbu, Rapporteur spécial de la Commission Africaine sur les défenseurs des droits de l’Homme et point focal sur les représailles

Mary Lawlor (Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseur·e·x·s des droits humains), Nirinarisoa Prisca Andrianalivelo (vice-présidente de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme de Madagascar) et Walda Keza Shaka, responsable de programme pour Defenders, participaient toutes les trois à la réunion.  

Dans le cadre de leurs fonctions respectives aux niveaux national, régional et international, les participantes constatent que les défenseur·e·x·s des droits humains subissent des actes d’intimidation et de harcèlement en ligne ou physique et sont victimes d’arrestations, d’attaques, d’enlèvements, de disparitions forcées, de représailles transnationales et d’exécutions extrajudiciaires. Ces représailles ne visent pas seulement les défenseur·e·x·s des droits humains, mais également leurs proches (famille, ami·e·x·s, collègues, etc.).  

Ces actes créent un climat de peur et d’insécurité qui les empêche de faire leur travail en toute sécurité ou limite leur capacité d’action. Certains pays, notamment ceux de la région du Sahel, sont particulièrement dangereux pour les défenseur·e·x·s des droits humains. 

La répression numérique se traduit par des poursuites judiciaires menées en vertu du droit commun ou de la cyberlégislation.
Nirinarisoa Prisca Andrianalivelo, vice-présidente de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme de Madagascar

Examinant la question de la lutte contre les représailles à l’égard des défenseur·e·x·s à travers le prisme du thème 2025 de l’Union Africaine, Walda Keza Shaka a déclaré : 

Pour que justice soit faite, il faut impérativement s’attaquer aux violations commises contre les personnes qui défendent les droits humains et s’opposent au pouvoir. La justice réparatrice doit aller au-delà de la réparation matérielle et comprendre des garanties structurelles de non-répétition, notamment la protection de l’espace civique et des droits numériques et l’intangibilité du droit d’asile.
Walda Keza Shaka, Senior programme officer at DefendDefenders

Additionally, the UN Special Rapporteur on the situation of HRDs considered that: 

Lorsqu’ils s’engagent à défendre les droits humains, les États ont la responsabilité de protéger les personnes qui défendent les droits des sans-voix.
Mary Lawlor, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseur·e·x·s des droits humains

La table ronde a débouché sur les recommandations suivantes :  

À l’intention des États :  

  • Adopter toutes les mesures nécessaires pour protéger les défenseur·e·x·s des droits humains
  • Mettre en place un mécanisme d’alerte relatif aux représailles
  • Libérer les défenseur·e·x·s des droits humains arbitrairement détenu·e·x·s
  • Se conformer à leurs obligations en vertu du droit international
  • S’abstenir de participer à des opérations de répression transnationale
  • Mettre fin à la restriction de l’espace civique (libertés d’expression, d’association, de réunion et de circulation) et se mobiliser en faveur de la protection du travail des défenseur·e·x·s des droits humains

À l’intention de la Commission Africaine :  

  • Encourager l’adoption de lois protégeant les défenseur·e·x·s des droits humains
  • Protéger les journalistes et les activistes contre les actes de représailles
  • Réaffirmer son adhésion à la feuille de route d’Addis-Abeba  

À l’intention des défenseur·e·x·s des droits humains :  

  • Lancer des initiatives de solidarité et de collaboration mondiales pour protéger les défenseur·e·x·s des droits humains
  • Envoyer des rapports à la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseur·e·x·s des droits humains et lui communiquer toute information pertinente concernant les violations subies par les défenseur·e·x·s 

En conclusion, il est de notre responsabilité collective de protéger les personnes qui luttent pour défendre les droits humains de toute violation qu’elles pourraient subir en conséquence de leurs activités. 

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