Des organisations de défense des droits humains ont organisé une série d’événements en hommage à la défunte militante Cao Shunli, le jour du dixième anniversaire de sa mort dans un cas de « représailles meurtrières » perpétrées par le gouvernement chinois.
Dix-huit organisations, dont ISHR, ont organisé une réception sur la Place des Nations de Genève, devant le siège des Nations Unies, pour honorer la vie et le travail de Cao et pour exprimer leur solidarité avec toutes les personnes militant pour faire respecter les droits humains et les libertés fondamentales en Chine.
Lors de cette réception, les organisations ont dévoilé un buste et une plaque commémorant Cao Shunli. Elles ont également lancé un appel au Conseil Administratif de Genève pour qu’il accepte de faire de ce buste un monument public permanent, ainsi qu’une pétition visant à obtenir des signatures pour soutenir cette initiative.
Commandé en septembre 2023, le buste est l’œuvre de l’artiste tchèque Marie Šeborová. Il a été dévoilé après une journée complète d’hommages à Cao et à toutes les personnes militant contre les violations généralisées des droits de l’homme en Chine.
Au long de la journée, ISHR et ses partenaires ont organisé une exposition de photos commémorant l’héritage de Cao et mettant en lumière le travaux d’autres activistes de Chine continentale, de Hong Kong, du Tibet et de la région ouïghoure, qui ont fait face à de graves représailles pour leur activisme et, dans certains cas, pour leur coopération avec les Nations Unies.
Lors de la réception, l’assistance a également observé une minute de silence en l’honneur de Cao et d’autres activistes victimes de représailles dans le monde, rappelant ainsi un geste qui avait suscité l’indignation des représentants de la Chine chinois au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, immédiatement après la mort de Cao, en 2014.
A l’époque, lorsque ISHR et d’autres organisations avaient cherché à observer une minute de silence, la délégation chinoise a interrompu la séance pendant une heure et demie.
Plus tôt dans la journée, des expert·e·s des procédures spéciales de l’ONU ont renouvelé leur appel de 2014 enjoignant la Chine à mener une « enquête indépendante, impartiale et exhaustive » sur les circonstances de la mort de Cao. L’absence d’enquête dans un tel cas pourrait « constituer une violation du droit à la vie », indiquait leur communiqué, regrettant également que, depuis la mort de Cao, les autorités chinoises ont « intensifié leur persécution contre les défenseurs des droits humains et d’autres personnes qui cherchent à travailler avec l’ONU ».
Dans un communiqué conjoint (lien en anglais) signé par plus de 30 organisations, la société civile a elle aussi appelé les États membres de l’ONU à faire pression sur la Chine pour qu’elle rende des comptes sur ce cas de représailles mortelles.
Des ambassadeurs des droits humains de l’Estonie, de la Finlande, de la France, de l’Allemagne, du Luxembourg, des Pays Bas, de la Suède et du Royaume-Uni ont également publié un communiqué rendant hommage à Cao et à d’autres victimes de représailles mortelles. L’accès « libre et sûr » de la société civile à l’ONU est « indispensable à la protection des droits humains », pouvait-on lire dans leur communiqué.
À ce jour, aucun individu ni aucune organisation n’ont eu à rendre de comptes pour la mort de Cao Shunli. Son cas est l’un des plus anciens dans les rapports annuels du Secrétaire général de l’ONU qui compile les actes de représailles contre les membres de la société civile qui ont collaboré avec l’ONU.
ISHR et nos partenaires de la société civile (voir la liste complète ci-dessous) appellent les autorités genevoises à accepter notre demande de faire de ce buste un monument permanent dans un lieu privilégié au cœur de la Genève internationale. Ce geste rendrait hommage à Cao Shunli et montrerait le soutien de la Ville aux appels à la reddition des comptes pour sa mort et pour le sort de toutes les victimes des représailles d’État.
Contexte:
Cao Shunli était une activiste des droits humains et avocate chinoise qui a fait campagne pour que les voix de la société civile indépendante soient consultées dans les rapports nationaux du gouvernement chinois pour ses premier et deuxième Examens périodiques universels (EPU).
En septembre 2013, les autorités chinoises l’ont arrêtée à l’aéroport international de Pékin alors qu’elle se rendait à Genève pour participer à une formation, un mois avant le deuxième EPU chinois. Elle a été portée disparue pendant cinq semaines, avant de refaire surface en détention pénale et accusée d’avoir provoqué des « querelles » et provoqué des « troubles ».
Dès octobre 2013, il était clair que Cao Shunli souffrait de graves problèmes de santé pendant sa détention. Après des mois de refus de soins médicaux adéquats, du rejet des appels de ses avocats pour une libération sous caution pour des raisons humanitaires, et malgré les multiples appels de la communauté internationale pour sa libération urgente, Cao est décédée d’une défaillance de plusieurs organes le 14 mars 2014 dans un hôpital sous haute surveillance policière, loin de ses avocats et ses proches.
*Liste des organisations participantes:
- International Service for Human Rights (ISHR)
- The Network of Chinese Human Rights Defenders (CHRD)
- Amnesty International
- Front Line Defenders
- Society for Threatened People (Gesellschaft für Bedrohte Völker)
- Tibet Justice Center
- International Commission of Jurists (ICJ)
- The Observatory for the Protection of Human Rights Defenders – un partenariat de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation Mondiale Contre la Torture
- Human Rights in China
- Humanitarian China
- World Uyghur Congress (WUC)
- Swiss-Tibetan Friendship Association (GSTF/SAST)
- Art for Human Rights
- Martin Ennals Award
- Hong Kong Center for Human Rights
- Human Rights Watch
- Human Rights First