Lors de sa 58e session, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU examinera un projet de résolution sur les défenseur·e·x·s des droits humains et les technologies nouvelles et émergentes. Ces technologies sont susceptibles d’accroître, mais aussi d’entraver considérablement, l’exercice individuel et collectif du droit fondamental de défendre les droits.
Les défenseur·e·x·s des droits humains sont de plus en plus victimes de cybercrimes lorsqu’iels accèdent à l’internet et aux réseaux mobiles, de violences ciblées, de harcèlement, de désinformation, de mésinformation et de désinformation sur les réseaux sociaux, de vulnérabilités en matière de cybersécurité sous la forme de logiciels malveillants, de logiciels espions et d’autres attaques technologiques, et de menaces contre leurs communications et leur identité, notamment par le biais d’une surveillance ciblée et de masse, et de médias synthétiques trompeurs et générés de manière malveillante.
En outre, les États et leurs forces de l’ordre (souvent avec l’aide d’autres acteurs non étatiques, y compris des entreprises) suppriment ou censurent souvent les informations partagées par les défenseur·e·x·s des droits humains sur les réseaux sociaux et d’autres plateformes.
De plus, les tribunaux de nombreuses juridictions autorisent les poursuites stratégiques contre la participation publique, imposant des sanctions civiles et pénales sévères pour les activités en ligne légitimes telles que la collecte d’informations, les tweets et le partage d’informations dans l’intérêt public.
La Déclaration sur les défenseur·e·x·s des droits humains, adoptée en 1998, ne tient pas compte de ces défis, qui sont en grande partie apparus avec l’évolution rapide de la technologie et l’utilisation généralisée des smartphones et des médias sociaux. Dans le cadre des activités visant à marquer le 25e anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseur·e·x·s des droits humains, une coalition d’ONG a lancé une initiative consultative pour identifier les principaux problèmes auxquels sont confronté·e·x·s les défenseur·e·x·s des droits humains et qui ne sont pas suffisamment abordés par la Déclaration des Nations Unies. Ce processus a impliqué desdéfenseur·e·x·s des droits humains, des expert·e·x·s juridiques et des droits humains, ainsi que la société civile.
Au cours d’une année, plus de 700 défenseur·e·x·s des droits humains ont fourni des contributions par le biais de consultations en personne ou d’un questionnaire en ligne. Le résultat est la Déclaration +25, un document qui s’appuie sur le droit international et qui prend en compte la jurisprudence internationale des 25 dernières années, les évolutions des mouvements et de l’activisme ainsi que les expériences vécues par les défenseur·e·x·s. Il complète la Déclaration des Nations Unies et doit être lu en parallèle. Ensemble, ils établissent les paramètres et les normes pour protéger le droit de défendre les droits et les personnes qui l’exercent aujourd’hui et pour les 25 prochaines années (et au-delà).
La résolution des défenseur·e·x·s des droits humains de cette session fournit une orientation utile et opportune et un moyen de donner effet à une série d’obligations, y compris celles contenues dans la Déclaration et la Déclaration +25. Il est important que le Conseil adopte une résolution qui reflète la gravité et la réalité de la situation quotidienne des défenseur·e·x·s des droits humains et qui soit adaptée pour répondre aux besoins spécifiques de protection auxquels iels sont confronté·e·x·s.
Nos organisations appellent les membres du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à veiller à ce que la résolution reconnaisse clairement que les droits des défenseur·e·x·s des droits humains doivent être protégés hors ligne et en ligne, tout en reconnaissant les menaces croissantes que les technologies nouvelles et émergentes font peser sur les défenseur·e·x·s, ainsi que les possibilités de jouissance et de promotion des droits humains dans la sphère numérique.
Les membres du Conseil devraient reconnaître le pouvoir que l’espace en ligne et les outils numériques offrent pour la promotion, la protection et la jouissance des droits humains, ainsi que le potentiel de l’environnement numérique pour la mise en œuvre des droits contenus dans la Déclaration et la Déclaration +25.
La résolution devrait également viser à faire en sorte que les défenseur·e·x·s des droits humains puissent utiliser le pouvoir des technologies de l’information et de la communication, y compris les solutions techniques telles que le cryptage, dans le cadre de leurs activités sans courir de risques. Elle devrait également mettre à nouveau l’accent sur le droit des défenseur·e·x·s à accéder à l’information et sur les TIC ouvertes, sécurisées et abordables, telles que l’internet et les réseaux mobiles.
Sur la base du droit international contraignant reflété dans la Déclaration et la Déclaration +25, la résolution devrait appeler spécifiquement les États à :
- veiller à ce que les défenseur·e·x·s des droits humains bénéficient d’un accès universel, abordable, ouvert, sûr, interopérable, sécurisé, complet et égal aux TIC, sur une base non discriminatoire et en toutes circonstances, y compris en cas d’urgence.
- ne pas couper Internet, limiter la bande passante ou rendre intentionnellement les communications électroniques indisponibles ou inaccessibles à tout moment, y compris pendant les élections, les manifestations, la guerre ou les crises humanitaires.
- promulguer des lois et des politiques pour reconnaître et protéger la confidentialité des données et des communications numériques des individus.
- ne pas interférer avec l’utilisation par les défenseur·e·x·s des droits humains de solutions techniques, y compris les mesures de cryptage, de pseudonymisation et d’anonymat, avec toute restriction à cet effet conforme au droit international des droits humains.
- prendre toutes les mesures législatives, administratives, techniques et autres nécessaires, y compris la responsabilisation du secteur privé, pour prévenir, remédier et éliminer le cyberharcèlement, y compris la violence sexiste facilitée par la technologie, les campagnes de diffamation, le doxxing, la diffusion de médias malveillants ou générés par des mensonges et d’autres menaces contre les défenseur·e·x·s des droits humains. Cela inclut les cas où l’État ou ses mandataires sont eux-mêmes les auteurs d’un tel harcèlement.
- s’abstenir ou cesser d’utiliser des systèmes d’intelligence artificielle et d’autres technologies émergentes qui ne peuvent pas fonctionner en conformité avec le droit international des droits humains ou qui présentent des risques indus pour l’exercice des droits humains, en particulier des personnes à risque, y compris les défenseur·e·x·s des droits humains.
- mettre en œuvre une interdiction de la vente, de l’exportation, du transfert et de l’utilisation de technologies de surveillance jusqu’à ce que des garanties en matière de droits humains soient en place. Cela devrait inclure l’interdiction de l’utilisation des technologies de reconnaissance faciale et de reconnaissance biométrique à distance qui permettent la surveillance de masse, ainsi que la surveillance ciblée discriminatoire, y compris les technologies dites de reconnaissance des émotions et de détection du genre, qui ne respectent pas la dignité humaine et violent les droits humains dès leur conception.
- veiller à ce que toutes les données personnelles collectées, stockées, traitées, analysées ou utilisées de toute autre manière par des entreprises commerciales ou des organismes gouvernementaux le soient dans le respect des droits humains, en permettant aux individus de faire des choix éclairés sur ce qu’il advient de leurs informations et en empêchant l’accès non autorisé aux données ou leur utilisation abusive.
- ne pas obliger les individus à se connecter en ligne pour recevoir des services publics ou participer à la vie civique, les États respectant le droit des personnes à se déconnecter du domaine numérique.
- réglementer les entreprises de TIC conformément au droit international relatif aux droits humains afin d’empêcher l’utilisation abusive des médias sociaux et des plateformes de messagerie pour cibler ou réduire au silence les défenseur·e·x·s des droits humains. Il s’agit notamment d’exiger des entreprises du secteur des TIC qu’elles mettent en place des mécanismes de réponse rapide aux signalements de harcèlement ou de menaces, et de mettre au point des outils pour garantir la sécurité et la vie privée des défenseur·e·x·s des droits humains en ligne.
- prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger l’accès à l’information, la liberté d’expression et le droit de se former et d’avoir une opinion, notamment en ne censurant pas illégalement Internet, en n’exigeant pas l’enregistrement des comptes, des appareils ou des cartes SIM, en adoptant des lois vagues, arbitraires ou trop larges sur les fausses nouvelles et la cybercriminalité, ou en établissant des fermes à trolls, des unités de référence sur Internet ou d’autres brigades qui abusent des plateformes technologiques pour réduire au silence ou censurer les défenseur·e·x·s des droits humains.
Nous exhortons les États à soutenir activement une résolution qui reconnaisse des cadres actualisés pour protéger les défenseur·e·x·s des droits humains à l’ère numérique, s’attaque aux risques croissants de cybercriminalité, de harcèlement en ligne, de surveillance et de répression de la liberté d’expression par la censure et la désinformation. Nous appelons également les États à résister aux efforts qui sapent et affaiblissent la résolution.
Signataires:
- International Service for Human Rights (ISHR)
- Centre for Democracy and Human Rights
- Reseau Nigerien des Defenseurs des Droits Humains
- Network of the independent Commission for Human rights in North Africa CIDH AFRICA
- The William Gomes Podcast
- Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR)
- UPR Info
- Southern African Centre for Constructive Resolutions of Disputes (SACCORD)
- The Legal Resources Centre( South Africa)
- European Saudi Organization for Human Rights
- Bir Duino-Kyrgyzstan
- Human Rights House Foundation
- International Bar Association’s Human Rights Institute (IBAHRI)
- CIVICUS
- APDH-CI
- ALTSEAN
- KARAPATAN
- Law and Democracy Support Foundation (LDSF)
- Mongolian Gender Equality Center
- Mongolian women’s employment supporting federation
- International Centre for Ethnic Studies
- Emonyo Yefwe International
- Defence of Human Rights and Public services Trust
- Reseau Ouest Africain des Defenseurs des Droits Humains
- Human Rights Online Philippines
- Instituto Brasileiro de Direitos Humanos
- Bahrain Institute for Rights and Democracy
- SHOAA for Human Rights
- International Center for Civil Initiatives “Our House”
- Feminine Solidarity for justice Organization
- World Uyghur Congress
- Aren ut Skelpen NL
- Namibia Diverse Women’s Association (NDWA)
- Human Rights Defenders Network in Central Africa (REDHAC)
- Kazakhstan Feminist Initiative “Feminita”
- Peace Brigades international
- AbibiNsroma Foundation
- Empower India
- Philippine Alliance of Human Rights Advocates
- Algerian League for the Defence of Human Rights (LADDH)
- Alliance to Renew Cooperation Among Humankind
- Salam for Democracy and Human Rights
- Rights Realization Centre /مركز تفعيل الحقوق
- Global Alliance for Tibet & Persecuted Minorities
- OTRANS-RN
- Latinas en Poder
- United Nations Association – UK (UNAUK)
- Women Human Rights Defenders International Coalition
- Acceso a la Justicia
- ALQST For Human Rights
- Global Human Rights Group
- DefendDefenders (East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project)
- Human Rights support society
- Plataforma Lusófona dos Direitos Humanos-PLUDH
- Artists at Risk Connection – ARC
- International Dalit Soldarity Network
- Human Rights Defenders Network- Sierra Leone
- International Tibet Network
- Kazakhstan International Bureau for Human Rights
- Jamaica Household Workers Union
- Association of World Citizens
- Women Working Worldwide
- Bulgarian Helsinki Committee
- CAP Liberté de Conscience
- Franciscans International
- Association Mauritanienne pour la Promotion des droits de l’homme AMPDH
- Acción Solidaria
- Manushya Foundation
- End Impunity Organization
- Equality Bahamas
- Urgent Action Fund for Feminist Activism
- European Center for Not-for-Profit Law (ECNL)
- Fédération Internationale des ACAT
- Aine Sohayata Kendro Asok Foundation
- The FreeAlKhawaja Campaign
- Center for Human Rights Defenders and Justice
- Sabuesos Guerreras A.C
- AlertaVenezuela
- PEN America
- WE-Change
- Cristosal Centroamerica
- Asociación Generaciones de Paz
- Organización Interseccional Pro Derechos Humanos (OIDH)- Costa Rica
- Servicio Social Pasionista SSPAS
- International Civil Society Action Network (ICAN)
- Coalition Burkinabé des Défenseurs des Droits Humains (CBDDH)
- Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF)
- East Timor and Indonesia Action Network
- The Bulan Institute for Peace Innovations
- Women’s Global Network for Reproductive Rights
- Promoting Empowerment Through Awareness for Lesbian and Bisexual Women (PETAL)
- Journalists and Writers Foundation
- Association For Promotion Sustainable Development
- Coordinadora Nacional de Derechos Humanos
- In Defense of Human Rights and Dignity Movement (iDEFEND)
- Religious of the Sacred Heart of Mary NGO
- Due Process of Law Foundation (DPLF)
- Aula Abierta
- Organisation pour le Développement Intellectuel de Madagascar “ODIMA”
- WomenNC
- Human Rights First
- Refugee Council of Australia
- Bougainville Women’s Federation
- Task Force Detainees of the Philippines
- Our Journey
- Cisadane Resik
- Kababaihang Bataeño Para sa Kalikasan, Karapatan at Pagbabago (KaBaRo)
- Center for Civil Liberties
- Oyu Tolgoi Watch
- Steps Without borders NGO
- Transparency International Madagascar
- Equitable Cambodia
- Together NGOs
- International Federation of women lawyers (FIDA) Cameroon
- Serikat Buruh Migran Indonesia
- Echoes of Women in Africa
- HALLMARK MEDIA – the Commonwealth Africa Journal
- Asia Pacific Network of Environmental Defenders
- Action of Christians for the Abolition of Torture in Burundi (Acat-Burundi)
- LESBIAN GAY BISEXUAL TRANSGENDER CENTRE
- Korean House for International Solidarity
- Metro Center for Journalists Rights & Advocacy
- Galck+
- The Regional Coalition for Women Human Rights Defenders in South West Asia and North Africa (WHRDMENA)
- Asociación Española para el DIDH
- Sexual Rights Initiative (SRI)
- Pax Christi International
- IFEX
- Humanists International
- Access Now
- Alliance for Democracy in Laos
- Clima21
- Myanmar Ethnic Rohingya Human Rights Organization in Malaysia (MERHROM)
- Medical Action Group
- National Center Against Violence
- AMARA, Cambodian Women’s Network for Development
- Human Rights Concern – Eritrea (HRCE)
- SP Chanra
- Hawaii Institute For Human Rigjts
- Community Resource Centre
- Human Rights Council of Australia
- Protection International (PI)
- Friends with Environment in Development
- Solidarity With OTHERS
- Asian Forum for Human Rights and Development (FORUM-ASIA)
- Legal Resources Centre from Moldova
- Lawyers’ Rights Watch Canada
- Women’s Initiatives for Gender Justice
- The Kvinna till Kvinna Foundation
- STREHA Center
- Edmund Rice International
- Foundation for Aboriginal and Islander Research Action (FAIRA)
- Agir ensemble pour les droits humains
- Plateforme des Droits Humains
- Association for Progressive Communications – APC
- Daughters of Charity of Saint Vincent de Paul
- SIBUYANONS AGAINST MNING
- Sectoral Transparency Alliance on Natural Resource Governance in cebu, Inc.
- International Federation for Human Rights (FIDH) / Observatory for the Protection of Human Rights Defenders
- World Organisation Against Torture (OMCT) / Observatory for the Protection of Human Rights Defenders
- Centre for Feminist Foreign Policy (CFFP)
- CREA
- ILGA World
- La ligue pour la protection des prisonniers Sahraouis dans les prisons marocaines (LPPS)
- Women’s Major Group
- Programa Venezolano de Educación Acción en Derechos Humanos (PROVEA)
- Tournons La Page
- Gulf Centre For Human Rights
- C. UCHE & CO.
- The Norwegian Human Rights Fund
- Amnesty International
- The Lesbian and Gay Association of Liberia (LEGAL)
- Plan International
- Accountability Counsel
- Hong Kong Democracy Council
- Save the Children International
- Advocates of Silenced Turkey
- Alliance for Shared Values
- Servicios y Asesoría para la Paz (SERAPAZ)
- Rumi Forum
- The Burundian coalition of Human rights defenders
- Dignity
- International Legal Initiative
- Yerkindik Qanaty
- Korgan-M
- Legal media center
- Public Foundation ‘Nemolchi.kz’
- Parliamentarism development foundation in Kazakhstan
- Regional Finance-Analitical Centre Kenes
- Public Foundation Inmir
- Public Association ‘We are against torture’
- Law and justice
- Eurasia human rights organization
- Public Foundation “Research center “Sandj”
- Public Foundation «Human’s hope»
- Public Association “Equal rights”
- Business & Human Rights Resource Centre