Le 30 juin 2025, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié sa première note d’information abordant le sujet de la répression transnationale (RTN) lors d’un événement parallèle à la 59e session du Conseil des droits de l’homme. Cet événement a réuni des expert·e·x·s des Nations Unies – dont des rapporteur·e·x·s spéciaux et un·e·x membre du Comité des droits de l’Homme – ainsi que des défenseur·e·x·s des droits humains et des victimes pour débattre de la portée et de l’impact de la RTN, et de la nécessité d’une action rapide et coordonnée des États.
La RTN désigne les actes commis par un État ou des entités qui y sont rattachées, aussi sur son territoire qu’en dehors de celui-ci, pour dissuader, empêcher, réduire au silence ou punir des personnes qui portent une dissidence ou défendent les droits humains dans cet État depuis l’étranger. Ces actes peuvent les cibler directement ou indirectement, par l’intermédiaire de leurs familles, ou toute personne qui le représente ou qui leur soit associée, et visent souvent à exercer un effet dissuasif plus large sur les activités de plaidoyer et les actes de dissidence.
Dans son rapport, le HCDH énumère les formes les plus courantes que prend la RTN, notamment les actes de violence et d’intimidation commis à l’étranger – parfois des enlèvements et des meurtres – ainsi que le harcèlement par le biais de demandes d’extradition, d’arrestations et d’expulsions illégales, de violations des lois sur la sécurité comportant des dispositions extraterritoriales, de restrictions à la liberté de circulation, de menaces et d’attaques numériques, et d’attaques contre des membres de la famille ou d’autres personnes liées aux victimes dans leur propre pays.
Le HCDH exhorte tous les États à s’abstenir de commettre, d’autoriser ou de tolérer des actes de RTN et appelle toutes les parties concernées à prendre des mesures immédiates dans quatre domaines :
- Sensibilisation et formation : Identifier et documenter les menaces, sensibiliser le public et former les autorités nationales, notamment les forces de l’ordre, le pouvoir judiciaire, les services de renseignement, les diplomates et autres fonctionnaires travaillant avec les personnes réfugiées ou demandant l’asile.
- Protection globale des personnes à risque : Mettre en place un point focal intergouvernemental pour la protection des victimes, revoir les politiques et programmes de protection et s’assurer qu’ils sont centrés sur les victimes, sensibles au genre, intersectionnels, inclusifs et non discriminatoires, y compris l’assistance juridique et psychosociale, les visas humanitaires et la réinstallation.
- Responsabilité et recours juridiques : Mener des enquêtes systématiques, mettre en place des mécanismes de recours efficaces pour les victimes, s’assurer que les procédures d’extradition sont conformes au droit international des droits humains et aux cadres spécifiques aux réfugié·e·x·s, mettre en œuvre un contrôle supplémentaire des notices rouges d’Interpol et tenir compte du bilan des pays en matière de protection des victimes lors de l’examen des accords bilatéraux judiciaires et sécuritaires.
- Mesures liées à la sécurité numérique et à la technologie : mettre en œuvre un moratoire sur l’exportation de logiciels d’espionnage ou de surveillance, protéger le chiffrement de bout en bout, garantir que les entreprises effectuent une diligence raisonnable en matière de droits humains et les encourager à aborder la protection des victimes d’actes d’intimidation dans l’espace numérique en améliorant la transparence, la confidentialité et la protection des données.
L’événement a été marqué par le témoignage de Basma Mostafa, une journaliste et défenseure des droits humains égyptienne, qui a été victime de répression transnationale durant son exil au Kenya, au Liban et en Suisse. Son cas a été évoqué dans une lettre adressée à l’Égypte par des experts de l’ONU en décembre 2024, ainsi que dans une récente déclaration du gouvernement allemand. Il y a deux semaines, ISHR s’est joint à 25 organisations de défense des droits humains dans un appel aux autorités égyptiennes à mettre fin à la répression transnationale dont elle fait l’objet.
I am part of a global community of exiled journalists, writers, activists, and entire communities — including Tibetans, Uyghurs, and others — who are harassed and threatened, often simply because of who they are or what they represent. Many are left alone, suffering in silence because Member States fail to act, to uphold the rule of law, and to respect their international obligations.
Basma Mostafa, Egyptian journalist and human rights defender in exile
The event also showcased video testimonies of four victims of TNR: Claudia Vargas from Nicaragua, Carmen Lau from Hong Kong, Armel Niyongere from Burundi and Sitanun Satsaksit from Thailand.
Chile, Australia, France, Lithuania, Germany and the Netherlands took the floor during the event to raise concerns and condemn TNR, share challenges and best practices at the national level, and express support for the OHCHR’s work. A few weeks prior, G7 Summit Leaders released an important joint statement stressing their shared commitment to ‘foster a common understanding of TNR, raise awareness, and promote accountability to increase the costs for those who engage in acts of TNR.’
TNR against those holding the Chinese government accountable
The Chinese government is one of the most well-documented perpetrators of TNR globally. This includes acts ranging from physical violence against Uyghur, Tibetan, Chinese and Hong Kong protesters during Xi Jinping’s 2023 visit to San Francisco, digital transnational repression, to the prosecution of relatives of activists abroad, such as Hong Kong pro-democracy advocate Anna Kwok.
On 2 June 2025, ISHR partnered with Campaign for Uyghurs to convene an event on the margins of the HRC session that brought together Uyghur, Hong Kong and Tibetan activists to discuss the scope of China’s acts of TNR and measures States should take to respond and protect victims. Uyghur advocate Rushan Abbas, Hong Kong activist Amy Siu, and Tibetan activist Topjor Tsultrim, shared their own experiences of TNR, urging States to step up coordination, strengthen accountability mechanisms, train law enforcement agencies, and adapt national legislation to allow for the prosecution of acts of TNR.
Acts of TNR may also constitute reprisals when they target individuals or groups cooperating, or seeking to cooperate, with the UN, its bodies and representatives. In late April, ISHR released a landmark report exposing tactics to restrict access to the UN for independent civil society, delving into patterns of reprisals committed by the Chinese government – the fourth largest perpetrator of reprisals according to annual reporting by the UN Secretary-General.
HRC steps to condemn TNR against human rights defenders and journalists
Efforts by civil society groups to raise global attention to TNR have started to pay off, as States have condemned TNR in a range of resolutions adopted by the HRC since March, despite opposition from China, Russia, Egypt, India, Algeria and Indonesia.
This week, the 47 Member States of the HRC adopted by consensus two resolutions on civil society space and on the safety of journalists, both ‘expressing grave concern about repressive activities conducted by States’ or actors under their effective control to ‘harm, silence and intimidate’ civil society actors, journalists and media workers abroad ‘through digital, physical and other means, including through the misuse of spyware and other intrusive surveillance software, and the targeting of their family members, representatives or associates.’ The latter resolution further ‘condemns unequivocally the extraterritorial targeting of journalists and media workers.’
These key normative developments build upon similar language in a resolution on human rights defenders and emerging technologies, adopted by consensus at the HRC earlier in March.
States also raised concerns at acts of TNR in resolutions adopted by vote by the HRC on the human rights situations in Nicaragua and North Korea in March, and in Eritrea this week.
These efforts were strongly supported by a range of Western and Latin American governments, including Chile, Colombia and Costa Rica, themselves host States of exiled communities facing TNR.
The tables are turning, UN experts and States are rapidly waking up to the threat of transnational repression. Now, we need to see stronger efforts and coordination to adequately revise laws, enhance training and awareness, protect victims, and prosecute perpetrators. States’ long arm and tactics to export repression across the globe cannot go unchecked anymore.
ISHR
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