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Afrique
Formation

Vingt-quatre défenseur·e·x·s réuni·e·x·s pour renforcer la coopération avec la Commission africaine

ISHR et l’African Centre for Democracy and Human Rights Studies (ACDHRS) ont organisé une formation sur la coopération stratégique avec la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples en amont de sa 77e session ordinaire et du Forum des ONG, à Arusha, en Tanzanie.

La 77e session ordinaire de la Commission africaine se tient pour la première fois à Arusha (Tanzanie), tout comme le Forum des ONG, qui permet aux défenseur·e·x·s des droits humains en Afrique de plaider pour des réformes cruciales sur le continent et de collaborer avec un large éventail de parties prenantes. Comme les années précédentes, l’ACDHRS et ISHR ont travaillé main dans la main pour promouvoir la coopération de la société civile avec la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (Commission africaine ou CADHP) et ont organisé un programme de formation du 13 au 15 octobre.

Cette formation m’a permis de mieux comprendre mes possibilités en tant que défenseur des droits des femmes et je pense qu’elle va me permettre d’agir plus efficacement.
Abdul Bangura, United Funding and Development for Underage Mothers (UFDUM), Libéria.

Pourquoi organiser une formation en amont de la session de la Commission ?

Les défenseur·e·x·s des droits humains en Afrique jouent un rôle indispensable dans la défense des droits humains, de la démocratie et de l’état de droit, et sont à l’origine de nombreuses avancées, notamment l’adoption de lois de protection qui appuient leur travail essentiel. Néanmoins, ces personnes se heurtent à de nombreux obstacles (rétrécissement de l’espace civique, intensification de la surveillance, campagnes de diffamation, arrestations arbitraires et exécutions, etc.). Pour atteindre leurs objectifs, elles doivent tenter de surmonter ces obstacles en s’appuyant sur les outils à leur disposition, notamment les mécanismes prévus par la Commission africaine, institution de l’Union africaine. Pour que ces derniers soient efficaces, les défenseur·e·x·s doivent connaître leur existence et savoir comment y accéder, mais malheureusement, il existe actuellement très peu de formations ou de ressources didactiques qui visent à donner aux activistes une vue d’ensemble des possibilités offertes par la Commission africaine, alors que la demande est pourtant croissante (plus de 1 345 personnes ont répondu à notre appel à participation). 

Nous avons conçu cette formation unique en son genre afin de doter les défenseur·e·x·s des connaissances et des compétences nécessaires pour tirer un parti stratégique de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples dans leurs stratégies nationales de plaidoyer.

Je pense qu’en rentrant chez moi, je serai en mesure d’utiliser les mécanismes qui m’ont été présentés. Parmi les outils évoqués, certains pourront, je pense, faciliter le travail en faveur de la justice climatique que nous menons en Afrique du Sud. La possibilité d’obtenir le statut d’observateur et de collaborer avec les membres de la Commission pourra grandement y contribuer.
Sthuthukile Conco, Amnesty International – Afrique du Sud.

Qui y a participé ?

Ce sont 24 défenseur·e·x·s expérimenté·e·x·s venu·e·x·s de toute l’Afrique* qui se sont rencontré·e·x·s pour la première fois afin de se familiariser avec le système régional de défense des droits humains et de participer à des activités de plaidoyer. Ce programme a été organisé en anglais et en français pour favoriser une large participation. 

Toutes les personnes présentes ont enrichi les débats grâce à leur expérience unique en matière de droits humains, notamment les droits des femmes, les droits des LGBTIQ+, les droits environnementaux, la démocratie et la gouvernance ou la protection des défenseur·e·x·s. Grâce à leur participation et à leurs interactions, elles ont créé un environnement mutuellement enrichissant.

*Afrique du Sud, Angola, Bénin, Burundi, Comores, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Gambie, Ghana, Libéria, Madagascar, Nigéria, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Ouganda et République démocratique du Congo.

 

Quelles réalisations ont été obtenues ?

Les objectifs de cette formation en personne étaient les suivants :

  • donner un aperçu des systèmes internationaux et africains des droits humains
  • améliorer la capacité des défenseur·e·x·s des droits humains à collaborer stratégiquement avec la Commission africaine et à développer des réseaux
  • déterminer et comparer les avantages tirés d’une collaboration avec ces mécanismes, et examiner comment les défenseur·e·x·s peuvent les utiliser pour appuyer leur travail à l’échelle nationale
  • partager des outils et des connaissances que les défenseur·e·x·s des droits humains peuvent utiliser pour s’assurer d’être au centre des prises de décisions en matière de droits humains à l’échelle régionale

Grâce aux sessions interactives organisées par ISHR et l’ACDHRS, les participant·e·x·s ont pu se familiariser avec les systèmes des droits humains onusiens et africains. Iels ont perfectionné leurs techniques de plaidoyer et leurs compétences analytiques au moyen d’ateliers pratiques et d’activités d’apprentissage basées sur des scénarios, en utilisant par exemple les directives pour l’établissement de rapports destinées aux organisations de la société civile.

Les participant·e·x·s ont également pu se rencontrer et échanger lors de sessions animées par Litha Musyimi-Ogana, membre de la Commission africaine, Chafi Bakari, représentant du Bureau régional de l’Afrique de l’Est du HCDH, et deux activistes reconnu·e·x·s, Sadikh Niasse de la RADDHO (Sénégal) et PraiseGod Millen Joseph de la Pan African Lawyers Union (PALU).

Je m’attendais à un cours traditionnel, mais j’ai été agréablement surprise par sa dimension collaborative. Les échanges interactifs et les activités pratiques ont rendu l’expérience d’apprentissage dynamique et bien plus intéressante que je ne l’avais imaginé. Cette approche inattendue a retenu mon attention tout au long de la formation et m’a permis de mieux comprendre les questions abordées.
Nancy Andriamiarimbola Barisoa, Youth Opportunities, Madagascar.

En outre, les participant·e·x·s ont eu l’occasion d’acquérir une expérience de première main en assistant au Forum des ONG, qui s’est tenu du 16 au 18 octobre, et aux réunions publiques de la Commission africaine. Iels ont ainsi pu mieux comprendre comment les questions de plaidoyer sont traitées dans la pratique et gagner en confiance grâce à une vision complète de la façon dont les choses fonctionnent dans la vie réelle. Les enseignements tirés leur permettront de faire entendre leurs voix lors des prises de décisions régionales en matière de droits humains.

L’ensemble des personnes se sont dites satisfaites, voire très satisfaites de la formation, et elles ont toutes préparé des initiatives à mettre en œuvre de retour chez elles.

 

Defenders from the training engaging in a fictive scenario.

Des défenseur·e·x·s participent à un scénario fictif dans le cadre de la formation. © ACDHRS

Je vais entreprendre les démarches nécessaires pour obtenir le statut d’observateur et mieux faire connaître la Commission africaine et ses mécanismes. Je vais également mener des activités de sensibilisation et de mobilisation stratégiques autour de questions clés au Nigéria.
Deloraine Dennis, Women in Mining, Nigéria.

Nous remercions la PALU, l’Open Society Foundation et Ford pour leur soutien inestimable sans lequel cet atelier de formation n’aurait pas été possible.

Defender from Liberia during the diploma closing ceremony with ISHR staff © ACDHRS

Un défenseur du Libéria (droite) aux côtés de la chargé du programme Afrique d’ISHR, Adélaïde Etong Kame, lors de la cérémonie de remise des diplômes (© ACDHRS).

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