Photo credit: African Center for Democracy and Human Rights Studies

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Forum des ONG : Lutter contre le racisme, la xénophobie et la discrimination auxquels font face les migrant·e·x·s en Afrique

Lors d’un débat passionnant et instructif qui s’est tenu le 17 octobre à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (Commission africaine), d’éminentes personnalités ont abordé les questions cruciales de la discrimination et de l’esclavage moderne, deux fléaux qui continuent de sévir sur le continent africain.

Présidée par la Commissaire Litha Musyimi-Ogana et intitulée « Communautés discriminées en raison de l’emploi et de l’ascendance en Afrique : Lutter contre le racisme, la xénophobie et la discrimination à l’encontre des migrants en Afrique », la table ronde rassemblait diverses parties prenantes dévouées à la cause des droits humains et de l’égalité. Elle a permis de mettre en lumière les problèmes relatifs à la discrimination et à l’esclavage moderne sur le continent africain. 

Au début de la discussion, Mme Musyimi-Ogana a annoncé la publication prochaine d’un rapport essentiel, intitulé Communautés discriminées en raison de l’emploi et de l’ascendance en Afrique et état des lieux de l’esclavage moderne. Il s’agit d’une étude sur le rôle des castes et autres communautés identitaires dans l’esclavage et les pratiques assimilées sur le continent.

Maya Sahli Fadel, ancienne membre de la Commission et Rapporteure spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les personnes déplacées et les migrants en Afrique, a souligné que la grande majorité des flux migratoires étaient ce que l’on appelle des « migrations Sud-Sud » qui prennent place au sein même du continent, et a rappelé que seule une minorité de personnes tentait la périlleuse traversée de la Méditerranée pour atteindre l’Europe. 

« La migration en Afrique s’accompagne de nombreux défis, notamment les déplacements forcés, la traversée de multiples pays et l’incertitude quant au traitement reçu à l’arrivée », a indiqué Mme Sahli Fadel. 

Elle a poursuivi en soulignant la montée des idéologies extrémistes et la criminalisation des migrant·e·x·s résultant de la fermeture des frontières par les États au nom de la sécurité nationale. « Il est urgent de défendre les droits des travailleur·euse·x·s migrant·e·x·s, tels qu’ils sont définis dans les conventions des Nations Unies, et d’attirer l’attention sur les gouvernements qui ne les respectent pas, comme c’est le cas en Tunisie », a-t-elle noté.

Musa Juma, directeur général de Media Aid, a ensuite mis en avant l’utilisation des plateformes numériques comme outil pour attirer l’attention sur les problèmes rencontrés par les communautés marginalisées, notamment en lien avec le changement climatique et la discrimination économique.

« La lutte mondiale contre la discrimination et l’esclavage, y compris le travail des enfants et la traite des êtres humains, exige une collaboration entre les réseaux et les communautés », a déclaré Ibrahim Sall, un défenseur sénégalais. Il a appelé à la mise en place d’un mécanisme d’enquête sur ces atrocités afin de représenter fidèlement les expériences des communautés touchées.

N. Paul Divakar, coordinateur mondial du Global Forum of Communities Discriminated on Work and Descent en Inde, a, de son côté, souligné l’urgence de s’attaquer à la stigmatisation et à la discrimination au moyen d’une action collective, exhortant les pays africains à s’engager en faveur des objectifs de développement durable (ODD) pour éradiquer toutes les formes de discrimination et d’esclavage.

Au cours de la table ronde, les participant·e·x·s ont appelé l’attention sur la discrimination et l’accaparement des terres auxquels sont confrontées les communautés marginalisées, et ont rappelé la nécessité de soutenir les ONG locales qui s’efforcent de faire respecter les droits fonciers des autochtones et luttent contre la traite des êtres humains. Iels ont clairement fait entendre que la mobilisation des individus et des organisations était la clé d’un changement positif.

La Commission africaine a la capacité de susciter les changements nécessaires pour protéger les droits et la dignité de tous les individus, indépendamment de leur emploi ou de leur origine. Il est impératif que ces échanges aboutissent à des solutions tangibles, reflétant les valeurs d’égalité et de justice et les principes de droits humains inscrits dans la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.

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