Forum des ONG | Protection des défenseur.es travaillant sur les questions de responsabilisation des entreprises en Afrique

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Le 22 avril 2018, en collaboration avec le Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l’Homme, la Coalition africaine pour la redevabilité des entreprises et le Réseau panafricain des défenseurs des droits de l’Homme, le Service International pour les Droits de l’Homme (sigle anglais ISHR) a organisé une table ronde sur les attaques que subissent les défenseur.es travaillant sur les questions relatives aux droits humains et aux entreprises en Afrique et sur l’accès à des voies de recours pour les victimes.

La table ronde rassemblait Francess Piagie Alghali du Réseau des défenseur.es des droits humains du Sierra Leone, Ana Zbona du Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l’Homme, Erick Kassongo, un expert membre du Groupe de travail sur les industries extractives, l’environnement et les violations des droits de l’Homme de la Commission Africaine, Elizabeth Kariuki de la Commission des droits de l’Homme du Kenya, Cecilia Mugo de la section kényane de la Commission internationale de juristes et Michel Yoboue, directeur exécutif du Groupe de recherche et de plaidoyer sur les industries extractives en Côte d’Ivoire. Elle était animée par Joseph Bikanda, coordonnateur du Réseau panafricain des défenseurs des droits de l’Homme.

Michel Yoboue a démarré la discussion en rappelant que l’essor et le développement tant recherchés par nombre d’États africains impliquaient la conclusion de contrats avec des entreprises désireuses d’investir dans ces pays. Selon lui, ces contrats ne devraient pas être négociés sans que soient préalablement consultées les communautés locales sur lesquelles ils risquent d’avoir un impact. Or, cette étape importante est souvent négligée par les États.

« L’industrie extractive est en passe de devenir le secteur qui compte le plus de victimes parmi ses opposant.es. Face aux compagnies minières, les communautés sont impuissantes et les défenseur.es des droits humains qui tentent de leur venir en aide sont victimes de stigmatisation, voire de meurtre », a déploré Cecilia Mugo.

Ana Zbona a par ailleurs présenté les travaux de recherche menés par le Centre sur les incidences positives et négatives que les entreprises peuvent avoir sur les défenseur.es et les libertés civiques. Elle a mis en avant plusieurs conclusions fondées sur la base de données relative aux attaques de défenseur.es travaillant dans le domaine de la responsabilité des entreprises, signalant notamment que l’industrie agro-alimentaire avait été la plus meurtrière en 2017. « Les défenseur.es qui essaient de dénoncer les entreprises ne respectant pas les droits humains sont souvent victimes de harcèlement judiciaire, et l’Afrique est la région du monde la plus touchée par ce phénomène », a déclaré Mme Zbona. En conclusion, elle a mentionné les initiatives menées par certains groupes, investisseurs et associations pour protéger les défenseur.es, comme les récentes déclarations du Conseil international des mines et métaux (ICMM) et de l’Alliance des investisseurs pour les droits humains (ICCR).

Enfin, Francess Piagie Alghali a présenté certains des problèmes rencontrés par les défenseur.es qui travaillent dans le domaine des entreprises et des droits humains en Afrique, et en particulier au Sierra Leone. Elles/Ils sont souvent victimes de menaces, d’intimidations et de représailles en raison de leurs travaux, et sont stigmatisé.es au prétexte qu’elles/ils constituent un risque pour la sécurité nationale. « La plupart des pays ne proposent aucune cadre juridique pour protéger le travail des femmes défenseures des droits humains. Lorsque celles-ci tentent de protéger les droits des communautés bafoués par les entreprises, elles sont souvent victimes d’intimidations et menacées de viol », a déploré Francess Piagie Alghali.

Plusieurs participant.es ont souligné la nécessité pour les États et les entreprises de travailler aux côtés des défenseur.es en vue de renforcer le respect des droits humains dans les activités commerciales et ce, dans toute l’Afrique.

Pour conclure la table ronde, Joseph Bikanda a rappelé combien les temps étaient difficiles pour les défenseur.es qui s’emploient à ce que les entreprises respectent les droits des communautés touchées par leurs activités. Il a également insisté sur la nécessité d’établir des cadres juridiques pour protéger ces défenseur.es et le travail important qu’ils/elles accomplissent.

Photo: DefendDefenders

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