Demandez à la Chine de libérer les défenseur·e·x·s et d'abroger la RSDL

ISHR mobilise la communauté internationale pour faire pression sur la Chine afin d'abroger la RSDL, une forme de disparition forcée largement utilisée pour réduire au silence les personnes qui défendent les droits humains. Rejoignez notre campagne !

En Chine, les personnes qui défendent les droits humains travaillent sans relâche pour améliorer la vie quotidienne de leurs concitoyen·ne·x·s et défendre leurs droits de s’exprimer librement, d’être traité·e·x·s sur un pied d’égalité, de manifester pacifiquement ou de pratiquer une religion. Mais le gouvernement chinois craint que leurs actions ne remettent en cause son pouvoir et que leurs critiques ne l’ébranlent. Comme les peuples ouïghour et tibétain, beaucoup de celleux qui défendent les droits humains sont réprimé·e·x·s et réduit·e·x·s au silence, et les autorités ont trouvé un moyen très efficace d’y parvenir : elles les font disparaître.

Depuis 2012, l’organe législatif chinois a adopté et modifié plusieurs articles de son Code de procédure pénale qui donnent à la police le pouvoirs de placer des personnes en garde à vue sans révéler l’endroit où elles sont détenues: cette pratique se dénomme la “surveillance résidentielle dans un lieu désigné”, mieux connue sous son sigle en anglais “RSDL” (“Residential Surveillance at a Designated Location”). La police a recours à cette pratique lorsqu’elle “enquête sur des suspects” dans le cadre d’une affaire criminelle potentielle, avant de procéder à une arrestation formelle. Dans le cadre de la RSDl, les personnes ne peuvent pas être détenues dans des centres de détention ordinaires: elles sont gardées dans des lieux illégaux ou dans des mieux qui ne sont explicitement pas des centres de détention officiels (l’arrière d’un restaurant ou le sous-sol d’un hôtel par exemple). Lorsqu’elles sont accusées de crime contre la sécurité nationale – comme c’est souvent le cas des défenseur·e·x·s des droits humains -, elles sont privées de tout contact avec le monde extérieur, même avec leur famille ou un·e·x avocat.e·x, pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois. Nul ne sait où elles se trouvent. Elles sont interrogées et souvent torturées pour leur extorquer des aveux. Malgré les obstacles et les risques qu’elles doivent surmonter, leurs familles persistent à chercher à connaître le sort de leurs proches et du lieu où iels se trouvent, et à demander justice pour ce qu’iels ont subi.

Les expert·e·x·s des Nations Unies sont clair·e·x·s : la RSDL est une forme de disparition forcée. Avec des estimations allant de 53 000 à 90 000 personnes sous la RSDL, les disparitions forcées sont endémiques en Chine. La RSDL déchire les familles et a pour but d’inspirer la peur au mouvement des droits humains en Chine.

De nombreux·ses défenseur·e·x·s des droits humains ont cessé de promouvoir la dignité, la paix et la justice au sein de leurs communautés, car iels craignent de disparaître aux mains de la police. Cette pratique – la disparition forcée – est absolument condamnable et interdite par le droit international. Chacun·e·x doit pouvoir s’exprimer et participer à la vie de sa communauté. 

Que voulons-nous ? 

Nous voulons que le gouvernement chinois révise la loi de procédure pénale et abroge la disposition qui permet de détenir des suspects en vertu de la RSDL, afin que personne ne puisse disparaître et être détenu arbitrairement.

La RSDL devrait être une priorité à l’ordre du jour de tout échange sur les droits humains avec le gouvernement chinois. Nous voulons que les gouvernements du monde entier s’expriment publiquement et utilisent tous les canaux bilatéraux et multilatéraux pour faire pression sur le gouvernement chinois afin qu’il abroge la RSDL. Nous voulons que l’ONU renforce son suivi de la RSDL en Chine et maintienne sa pression sur les autorités pour qu’elles respectent le droit international et abrogent la RSDL.

La RSDL se passe dans le secret. Les données sont effacées par le gouvernement, il y a peu d’images des installations utilisées pour la RSDL et la plupart des victimes ont peur de parler de crainte d’être punies à nouveau pour avoir fait leur travail vital en faveur des droits humains. Nous voulons que des universitaires fassent des recherches et étudient cette pratique afin qu’elle soit mieux connue. Nous voulons également qu’iels déterminent à quel point cette pratique est répandue et systématique.

Enfin, se sentir soutenu·e·x·s est vital pour les défenseur·e·x·s des droits humains disparu·e·x·s et leurs proches. Nous voulons que journalistes, organisations de défense des droits humains et militant·e·x·s du monde entier accordent une plus grande attention à la RSDL et se solidarisent des défenseur·e·x·s disparu·e·x·s et de leurs proches. Nous voulons également que les proches des disparu·e·x·s puissent s’exprimer aux Nations unies sur les disparitions forcées en Chine et sur le sort de leurs proches.

Mon mari Ding Jiaxi et ses collègues se sont toujours battus pour ce qui est juste, même s'ils savaient qu'ils risquaient de disparaître, d'être torturés, d'être radiés. Leur courage n'a d'égal que leur engagement moral à défendre les droits des plus vulnérables, inscrits dans la constitution chinoise et les traités internationaux. Leur sacrifice ne peut être vain : les gouvernements doivent se tenir aux côtés des avocats chinois spécialisés dans les droits humains.
Sophie Luo Shengchun, défenseure des droits humains et épouse de Ding Jiaxi

La défenseure des droits humains Sophie Luo parle de la RSDL et du cas de son mari, l'activiste et avocat Ding Jiaxi, qui a disparu dans le cadre de cette pratique en 2019 et et a ensuite été condamné à 12 ans de prison pour « subversion du pouvoir de l'État ».

Comment y parvenir ? 

Nous travaillons dur pour :

  • Sensibiliser et renforcer la compréhension juridique des gouvernements et diplomates, expert·e·x·s de l’ONU, journalistes et ONG sur la RSDL en tant que forme de disparition forcée, interdite par le droit international. 
  • Mobiliser les missions diplomatiques et les encourager à se prononcer sur la RSDL à l’ONU et dans leurs dialogues bilatéraux avec la Chine;
  • Inciter les expert·e·x·s de l’ONU d’adopter une position plus ferme, plus fréquente et plus publique sur la RSDL en examinant et en analysant davantage de cas individuels et en publiant des déclarations. Le Haut Commissaire devrait également prendre position sur la question;
  • Convaincre les universitaires travaillant sur la Chine et dans le domaine des droits humains de faire des recherches, d’écrire et de discuter davantage sur la RSDL.
  • Encourager gouvernements, activistes et citoyen·ne·x·s du monde entier à être solidaires avec les défenseur·e·x·s des droits humains disparu·e·x·s et leurs proches.
  • Créer des espaces à l’ONU pour que les défenseur·e·x·s chinois·e·x·s des droits humains et leurs proches puissent informer la communauté internationale sur les disparitions forcées en Chine.

 

Que pouvez-vous faire? 

1. Soutenez les défenseur·e·x·s!

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Laissez un message de solidarité aux personnes qui défendent les droits humains en Chine et à leurs familles sur notre mur virtuel.

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2. Faites passer le message!

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Téléchargez notre kit de campagne pour comprendre en un coup d'œil pourquoi la RSDL est une grave violation des droits humains, et pour nous aider à sensibiliser votre entourage (ami·e·x·s, journaliste·x·s que vous connaissez, vos followers sur les médias sociaux) à cette importante question. #RepealRSDL

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Défenseur·e·x·s des droits humains soutenus par ISHR

Chang Weiping

Chang Weiping est un avocat spécialisé dans les droits humains qui défend la liberté d'expression et la liberté religieuse, ainsi que les droits des personnes victimes de discrimination en raison de leur état de santé, de leur sexe, de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle, en les conseillant bénévolement. Il a également aidé d'autres activistes confronté·e·x·s à un harcèlement judiciaire pour l'exercice légitime de leurs droits fondamentaux.
En janvier 2020, Chang a été placé sous RSDL pour « mise en danger de la sécurité nationale » suite à sa participation à un rassemblement d'avocats spécialisés dans les droits humains. Il a été libéré sous caution, mais a dû faire face à une nouvelle détention en octobre 2020, après avoir révélé les tortures qu'il avait subies au cours de la précédente période de RSDL. Il a été détenu dans des lieux non divulgués, s'est vu refuser l'accès à un avocat et s'est vu suspendre sa licence d'avocat.
Il a été officiellement arrêté en avril 2021 pour incitation à la subversion. Plusieurs avocats engagés par la famille de Chang ont été empêchés de le rencontrer en raison des pressions exercées par les autorités.

En septembre 2021, il a finalement rencontré un avocat et a révélé avoir été torturé pendant sa détention. Il a fait l'objet d'un procès à huis clos en juillet 2022 et a finalement été condamné à une peine de trois ans et demi de prison pour « subversion du pouvoir de l'État » en juin 2023.

Bien que Chang ait fini de purger sa peine en juillet 2024, il reste sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire.

Yu Wensheng

Lauréat du prix Martin Ennals 2021, Yu Wensheng est une figure de proue parmi les avocats spécialisés dans les droits humains en Chine. Il s'est attaqué sans crainte à un certain nombre d'affaires et de questions sensibles, se joignant à des litiges sur la pollution de l'air et plaidant en faveur d'un gouvernement constitutionnel.
Pour cela, les autorités ont révoqué sa licence d'avocat le 16 janvier 2018. Trois jours plus tard, après avoir publié une lettre ouverte appelant à une réforme constitutionnelle, il a été victime d'une disparition forcée dans le cadre de la RSDL puis a été jugé en secret le 9 mai 2019. Sa femme, Xu Yan, n'a été informée de sa condamnation à quatre ans de prison qu'en juin 2020.
Après de nombreuses pressions exercées par la société civile internationale, Yu Wensheng a pu quitter la prison de Nanjing le 1er mars 2022 et retrouver sa famille à Pékin à l'issue de sa peine de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir de l'État ».
En avril 2023, Yu Wensheng et Xu Yan ont été arrêtés par la police alors qu'ils se rendaient à un événement à la délégation de l'Union européenne à Pékin. Ils ont ensuite été inculpés pour « incitation à la subversion du pouvoir de l'État » et à ce jour est toujours en détention.

Ding Jiaxi

Ding Jiaxi est un éminent militant des droits humains et avocat chinois. En décembre 2019, après avoir participé à un rassemblement informel d'avocats des droits humains et de citoyens à Xiamen, les autorités l'ont fait disparaître dans le cadre de la RSDL. Pendant six mois, personne n'a su où se trouvait Ding ni ce qui s'était passé. Selon ses témoignages, la police l'a torturé pendant ces six mois. En juin 2020, il a été officiellement arrêté par le Bureau de la sécurité publique de la ville de Linyi, et sept mois plus tard, inculpé de « subversion du pouvoir de l'État ». Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il a été autorisé à voir un avocat. Cependant, son avocat n'a pas eu accès à l'intégralité du dossier et n'a pas été en mesure de le rencontrer librement. Ding n'a pas été autorisé à voir ou à parler à ses proches depuis 2019. Ses conditions de détention sont très mauvaises et sa santé se détériore. Son procès a été reporté à plusieurs reprises sans raisons claires. Ding a été jugé secrètement le 24 juin 2022.

Le 10 avril 2023, le tribunal du comté de Linshu, dans la province de Shandong, l'a condamné à 12 ans de prison pour le crime de « subversion du pouvoir de l'État » et l'a privé de ses droits politiques pendant trois années supplémentaires.

Chiffres clés

  • ≤ 90000

    personnes placées en RSDL entre 2013 et 2022 (estimation).

  • 6

    mois : la durée maximale pendant laquelle la police peut détenir une personne en vertu de la RSDL.

  • 8

    gouvernements ont recommandé à la Chine d'abroger la RSDL, lors des cycles d'examen périodique universel de la Chine en 2018 et 2024 : Australie, France, Luxembourg, Suède, Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne et Suisse.

RSD... quoi ?

Tout ce que vous devez savoir sur la « surveillance résidentielle dans un lieu désigné » (ou RSDL).

En 2012, la Chine a modifié son code de procédure pénale, incluant une nouvelle disposition à l’article 73 qui autorise une pratique appelée « surveillance résidentielle dans un lieu désigné » (connue en abrégé en anglais sous le nom de RSDL) – qui correspond désormais à l’article 75 dans la révision de 2018 du code, et dont la mise en œuvre est détaillée dans les articles 74 à 79, parallèlement à la « surveillance résidentielle » ordinaire (ou l’assignation à résidence).

Cette disposition autorise la police et le ministère de la sécurité à placer une personne en garde à vue – avant son arrestation – pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois dans le lieu ou le bâtiment de leur choix, sans qu’il soit nécessaire de divulguer ce lieu, et avec des droits de la défense et des possibilités de contrôle judiciaire très limités.

Malgré son nom, la RSDL n’est PAS une forme d’assignation à résidence. Cette dernière existe dans le droit chinois sous le nom de « surveillance résidentielle », mais non pas « dans un lieu désigné ». Les personnes soumises à la RSDL sont détenues au secret exclusivement en dehors des centres de détention officiels (généralement à l’arrière d’un restaurant ou au sous-sol d’un hôtel).

La grande majorité des défenseur·e·x·s placé·e·x·s en RSDL font l’objet d’une enquête pour des crimes liés à la sécurité nationale, tels que la « subversion du pouvoir de l’État » : les articles 85 et 39 de la loi chinoise sur la procédure pénale prévoient des exemptions et des restrictions explicites au droit d’accès à un avocat et au droit d’informer sa famille, comme l’ont rapporté les expert·e·x·s de l’ONU. Dans l’ensemble, cela signifie que les personnes placées dans la RSDL sont coupées du monde extérieur.

La RSDL interdit explicitement de détenir des personnes dans des lieux de détention officiels. Pour de nombreux juristes, cette disposition ne fait que légaliser une pratique existante d’interrogatoire de la police dans des lieux « illégaux » (hôtels, restaurants, bâtiments désaffectés, etc.) : en lui donnant un semblant de légalité, toute information obtenue dans de tels lieux pourrait désormais être utilisée devant un tribunal. Toutefois, le fait de l’inscrire dans le droit national chinois ne signifie pas qu’elle est légale au regard du droit international !

Selon les normes internationales en matière de droits humains, comme l’ont déclaré à maintes reprises les expert·e·x·s indépendant·e·x·s des Nations unies, notamment le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI) : placer des personnes en détention au secret + pour enquête + pendant des périodes prolongées + sans révéler le lieu où elles se trouvent = détention secrète = une forme de disparition forcée.

En bref, la RSDL est une forme de disparition forcée. Et selon toutes les sources du droit international, la disparition forcée est une violation des droits humains interdite en toutes circonstances.

Selon les données analysées par Safeguard Defenders et incluses dans une soumission conjointe avec ISHR aux expert·e·x·s de l’ONU :

  • Une analyse des rares statistiques officielles disponibles fournit des estimations allant de 53 000 à 90 000 personnes placées en RSDL entre 2013 et 2022.
  • Les données officielles sur le recours à la RSDL sont rares, car la base de données des verdicts de China Judgement Online (CJO) n’inclut que les affaires ayant abouti à un verdict lors d’un procès. De nombreuses affaires n’atteignent jamais ce stade. Le nombre réel pourrait donc être nettement plus élevé. Le CJO a également retiré de plus en plus d’affaires de sa plateforme, notamment 692 affaires de RSDL ayant eu lieu entre 2013 et 2020, qui ont été retirées depuis mai 2022.
  • Le recours à la RSDL a fortement augmenté depuis 2016, atteignant un pic en 2020 avec une augmentation de 136 % par rapport à 2019. En 2013, moins de 500 personnes étaient détenues dans le RSDL, alors qu’en 2019, ce nombre était passé à plus de 6 000. Selon des estimations prudentes, 20 personnes par jour étaient placées en RSDL en Chine en 2020.
  • Bien que toutes ces personnes ne soient pas des défenseur·e·x·s des droits humains, il est communément admis qu’il s’agit d’une tactique utilisée pour intimider et contraindre les personnes détenues en raison de leur travail lié aux droits humains.
  • Ce système a notamment été imposé à des défenseur·e·x·s des droits humains chinois tels que l’artiste dissident Ai Weiwei, les avocats des droits humains Wang Yu et Wang Quanzhang, ainsi qu’à des personnes étrangères, en particulier celles prises en otage pour des affaires de diplomatie comme les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, le libraire suédois Gui Minhai, le militant des droits humains suédois Peter Dahlin, le travailleur d’ONG taïwanais Lee Ming-che ou l’homme d’affaires américain Li Kai.
  • La RSDL étant pratiquée en secret, il existe peu d’images des installations de la RSDL et la plupart des victimes ont peur de parler de crainte d’être à nouveau punies.

En août 2018, un groupe de 10 expert·e·x·s en droits humains nommés par l’ONU a écrit une longue lettre au gouvernement chinois pour s’enquérir des dispositions légales autorisant la RSDL. Iels avaient reçu des informations selon lesquelles l’organe législatif chinois, le Congrès national du peuple, réviserait à nouveau la loi sur la procédure pénale, et que les groupes de la société civile et les avocat·e·x·s chinois étaient très préoccupés par l’article 73 autorisant la RSDL. Les expert·e·x·s ont étudié la loi dans son ensemble – en particulier l’article 73 – et ont expliqué en quoi elle ne respectait pas les normes internationales, y compris les traités relatifs aux droits humains que la Chine a elle-même ratifiés.

Sur la base des informations qu’iels ont reçues, de leur connaissance de la situation en Chine et de leur expertise des normes internationales en matière de droits humains, les expert·e·x·s de l’ONU ont tiré une série de conclusions claires sur la RSDL, tant au niveau de sa définition juridique que de son utilisation réelle. Iels affirment que la RSDL: 

  • prive [les personnes détenues sous RSDL] du droit fondamental à un procès équitable, porte potentiellement atteinte au droit à l’intégrité physique et mentale, et prive les personnes détenues dans ces conditions de leurs droits à l’assistance d’un avocat et aux visites de leur famille
  • donne à la police et à la sécurité publique des pouvoirs trop importants, qui sont utilisés de manière abusive pour permettre des arrestations arbitraires
  • est utilisée pour museler les droits pacifiques et légitimes à la liberté d’expression, de réunion, d’association et à la défense des droits.

En bref : en promulguant et en utilisant la RSDL, la Chine ne respecte pas ses obligations contraignantes en matière de droit international.

Dans une déclaration publique de mars 2020, un groupe d’expert·e·x·s, dont le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI), s’est dit « alarmé par l’utilisation continue de la RSDL en Chine, bien qu’il ait réitéré pendant de nombreuses années la position selon laquelle la RSDL n’est pas compatible avec le droit international des droits humains ». Iels ont affirmé que « en tant que forme de disparition forcée, la RSDL permet aux autorités de contourner les procédures ordinaires prévues par le droit pénal et de détenir des personnes dans un lieu non divulgué pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois, sans procès ni accès à un avocat. Cela expose les individus à un risque accru de torture, de traitement inhumain ou dégradant ou de punition ».

Dans un avis juridique de septembre 2021 sur les cas de Zhang Zhan, Chen Mei et Cai Wei, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (GTDA) « demande au gouvernement d’abroger les dispositions régissant la RSDL ». Il souligne la position commune adoptée avec d’autres expert·e·x·s de l’ONU, selon laquelle la RSDL :

  • “équivaut à une détention secrète et constitue une forme de disparition forcée
  • « contrevient au droit de toute personne de ne pas être arbitrairement privée de sa liberté, de contester sans délai la légalité de sa détention devant un tribunal, ainsi qu’au droit des personnes accusées de se défendre par l’intermédiaire de l’avocat de leur choix ».
  • peut constituer en soi une peine ou un traitement cruel, inhumain ou dégradant, voire une torture, et peut en outre exposer [les personnes détenues en vertu de la RSDL] à un risque accru de nouveaux abus, y compris d’actes de torture ».
  • est « utilisée pour restreindre l’exercice des droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association des défenseurs des droits humains et de leurs avocats ».

Le Groupe de travail a rappelé cette position dans ses avis juridiques sur les cas de Yu Wensheng, Li Kai, Xu Zhiyong, Ding Jiaxi, Zhang Zhongshun et Dai Zhenya, et Wang Jianbing.

Les expert·e·x·s des droits humains des Nations unies ont en outre réitéré leurs préoccupations concernant la RSDL dans des lettres adressées au gouvernement chinois sur les cas de Guo Feixiong et Tang Jitian (février 2022), Chang Weiping (septembre 2022), Huang Xueqin, Wang Jianbing et He Fangmei (décembre 2022), et Xu Zhiyong (mai 2023).

Dans son rapport annuel de 2022, le GTDFI a noté que le gouvernement chinois n’avait toujours pas répondu positivement – après plus de neuf ans – à sa demande de visite dans le pays ; dans le même temps, le nombre de cas de disparitions forcées en suspens pris en charge par le groupe de travail au cours des cinq dernières années a augmenté de 124 %, passant de 68 à 152.

À la suite de sa visite officielle en Chine en avril 2022, Michelle Bachelet, alors Haut-Commissaire des Nations unies aux droits humains, a réaffirmé que les organes des Nations unies chargés des droits humains avaient classé la RSDL comme une forme de détention arbitraire et a appelé à son abrogation.

La RSDL est étroitement liée à la torture et aux mauvais traitements. Selon les recherches menées par Safeguard Defenders, les victimes de la RSDL font état d’actes répétés de torture physique et psychologique, notamment la privation de sommeil et de nourriture, le port prolongé d’entraves et de menottes (parfois pendant des semaines), les coups, la prise forcée de médicaments, le refus de traitement médical, les abus sexuels, les positions de stress pendant de longues périodes (comme être pendu par les poignets) et les menaces d’atteinte à leur intégrité physique et à celle de leurs proches.

Dans leur position commune, les expert·e·x·s de l’ONU, y compris le Groupe de travail sur la lutte contre la torture , affirment clairement que la RSDL « peut en soi constituer une peine ou un traitement cruel, inhumain ou dégradant, voire un acte de torture » et qu’« en outre, elle peut exposer ces personnes à un risque accru d’autres abus, y compris d’actes de torture ».

Lors de l ‘examen de la Chine en 2015 par le Comité contre la torture (CAT), le Comité avait exprimé sa « grave préoccupation » au sujet de la RSDL. Il a recommandé à la Chine

  • “d’abroger de toute urgence les dispositions du Code de procédure pénale qui autorisent [la RSDL]” et, “dans l’intervalle”, de “veiller à ce que les procureurs s’acquittent sans délai de leurs obligations en matière de droits humains”.
  • deveiller à ce que les parquets réexaminent rapidement toutes les décisions relatives à la [RSDL]”, “de veiller à ce que les personnes détenues désignées pour des poursuites éventuelles soient inculpées et jugées dès que possible et à ce que celles qui ne doivent pas être inculpées ou jugées soient immédiatement libérées”. 
  • s’assurer que “si la détention est justifiée, les personnes détenues [soient] formellement comptabilisées et détenues dans des lieux de détention officiellement reconnus”
  • veiller à ce que “les fonctionnaires responsables des mauvais traitements infligés aux personnes détenues soient tenus pénalement responsables”. 

Le CAT est le comité d’expert·e·x·s indépendant·e·x·s chargé d’examiner la mise en œuvre par les pays de la Convention contre la torture. Depuis le 9 décembre 2019, il attend toujours le rapport périodique du gouvernement chinois, afin de reprendre le processus d’examen périodique de la Chine.

Non ! Il existe un autre système qui fonctionne de manière similaire, appelé « liuzhi » (littéralement : « maintien en détention »). Ce système s’applique aux membres du Parti communiste chinois et aux fonctionnaires. Iels peuvent être détenu·e·x·s en secret pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois en raison de violations de la discipline ou d’une négligence présumée de leurs devoirs. Ce sytème est supervisé par la Commission nationale de supervision (NSC), un organe distinct du pouvoir judiciaire et des forces de l’ordre, et intervient avant l’arrestation ou la détention formelle. L’ancien ministre chinois des affaires étrangères Qin Gang, qui a disparu en juin 2023, aurait été soumis à ce système « liuzhi ».

Il arrive également que l’application de la RSDL évolue et que les autorités fassent disparaître des personnes d’une manière similaire sans l’indiquer. C’est ce qui s’est passé avec les défenseur·e·x·s des droits humains Huang Xueqin et Wang Jianbing.

Au-delà de la RSDL, les disparitions forcées ont été largement utilisées pour réduire au silence un grand nombre de personnes. Il s’agit notamment des défenseur·e·x·s des droits humains Gao Zhisheng, Yu Wensheng et son épouse Xu Yan, Jia Pin, Peng Lifa, Tao Hong, le journaliste Yang Zewei et les adeptes du Falun Gong Chen Yang et Cao Zhimin.

Les disparitions forcées touchent également les Ouïghours et les Tibétains. Au Xinjiang, des centaines de milliers de personnes Ouïghoures sont systématiquement victimes de détentions arbitraires et de disparitions. De même, au Tibet, des personnes défendant la langue et la culture tibétaines ont été victimes de disparitions forcées.

Tous ces cas montrent que les disparitions forcées en Chine ne constituent pas un phénomène unique et uniforme. Elles impliquent des méthodes, des cibles et des intentions différentes.

Pour accéder à d’avantage de ressources sur la RSDL, visitez la version en anglais de notre page de campagne. 

 

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