Le 11 novembre 2021, le Forum des ONG a organisé une table ronde sur la coopération de la société civile avec la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. 40 ans après la création de la Charte Africaine, un certain nombre de questions demeurent en suspens, notamment concernant l’impact des travaux menés conjointement par la société civile et la Commission Africaine.
« De nombreux conflits sont en cours sur le continent, bien souvent marqués par des violences envers les femmes. Dans un tel contexte, il est capital que la société civile parvienne à coopérer avec la Commission Africaine ainsi qu’avec le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant », a souligné Judy Gitau de l’ONG Equality Now.
L’honorable commissaire Rémy Ngoy Lumbu, Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’Homme et Président de la Commission Africaine, a souligné l’incidence négative de la pandémie sur l’engagement de la société civile africaine tout en reconnaissant la résilience de cette dernière et sa passion pour la protection des droits humains sur le continent. « Bien que le travail de la société civile soit souvent invisible pour la plupart d’entre nous, il est essentiel de plaider pour la protection des droits humains en Afrique et de la promouvoir. Pour renforcer l’impact de leur travail, les défenseur.es doivent tirer parti de tous les outils à leur disposition, notamment en portant les différends juridiques devant la Commission, lorsque cela est possible », a indiqué M. Ngoy Lumbu.
Par ailleurs, Tom Mulisa, directeur exécutif de l’ONG Great Lakes Initiative for Human Rights, a évoqué les opportunités que pouvaient représenter les différents processus de la Commission Africaine ouverts à la société civile, en particulier les examens des rapports d’État, mais aussi les obstacles auxquels la société civile pouvait se heurter. « La Commission Africaine examine le bilan des États tous les deux ans. Toutefois, il faut souvent plus de deux ans à la Commission pour adopter des observations finales et les communiquer à l’État concerné. Il est donc difficile pour la société civile de participer à la mise en œuvre des recommandations avant l’examen suivant », a regretté M. Mulisa. « Par ailleurs, pour de nombreuses organisations, en particulier celles qui n’ont pas la possibilité de se rendre à Banjul, les opportunités liées à l’examen des rapports d’État demeurent inaccessibles. Il est urgent de clarifier les possibilités dont dispose la société civile avant, pendant et après l’examen d’un pays par la Commission Africaine », a-t-il ajouté.